L'actualité de la crise : UNE ATTENTE DESTINÉE A DURER, par François Leclerc

Billet invité.

La Commission de Bruxelles s’apprête à dévoiler mercredi un projet visant à prévenir et guérir les crises bancaires destiné à entrer en service en 2014, certaines procédures de sauvetage étant prévues pour 2018. Avec un sens certain de l’à-propos mais certainement pas avec celui de l’urgence.

Les Espagnols appellent désormais à l’aide, reconnaissant être coupés du marché, prêts à brader des pans de leur système bancaire pour le sauver, réclamant une aide directe pour celui-ci afin de ne pas passer sous les fourches caudines de la Troïka. Au sortir de la réunion téléphonique des ministres des finances du G7, une seule information capitale a pu être recueillie : les Européens se sont engagés à « répondre rapidement » à la crise, a révélé Jun Azumi, le ministre japonais des finances. Tous les autres participants se sont efforcés de minorer l’importance de l’évènement, qui n’a de fait débouché sur rien de concret dans l’immédiat.

Le reste est à l’avenant. Il sera toujours temps d’analyser les propositions de la Commission dans leurs détails – pour autant qu’elles en aient. Ce qui en a déjà transparu est sans équivoque : le projet évite soigneusement d’aborder les deux questions qui fâchent. Il laisse une grande latitude aux régulateurs nationaux, pourtant suspects de toutes les mansuétudes, et évite d’aborder clairement les aspects financiers. Par ses flous, il fait déjà entrevoir que sous couvert de décharger les États du coût des sauvetages bancaires, il laisse entrouvertes toutes les portes qui permettront de les mettre à contribution.

De son côté, le gouvernement allemand vient de rendre public un document de 8 pages synthétisant sa conception de la relance de la croissance. Avec deux intentions, s’en servir comme base de discussion avec le SPD et les Verts, afin d’obtenir le vote de leurs parlementaires pour faire ratifier par le Bundestag le traité de discipline budgétaire et la création du Mécanisme européen de stabilité (MES), et faire valoir leur conception d’une relance ne faisant pas appel à une mobilisation de nouvelles ressources financières mais à la réalisation de réformes structurelles. Rédigé par les services du ministre libéral de l’économie, Philipp Rössler, le document s’appuie sur l’idée forte que « La croissance pérenne ne s’achète pas avec des programmes de dépense publique, ni avec des interventions étatiques qui biaisent la concurrence, ni avec une politique monétaire trop expansive ».

Si Angela Merkel donne le signe d’une timide ouverture très diplomatique, celle-ci se limite à accorder à José Manuel Barroso, le président de la Commission, un intérêt poli pour son projet d’« Union bancaire », tout en remarquant qu’il s’agit d’un projet de longue haleine. Steffen Siebert a de son côté expliqué que l’introduction d’euro-obligations n’est pas envisageable « avant de nombreuses années (…) à la fin d’un processus d’intégration politique en Europe ». Dans ce contexte de fermeture, on apprenait que François Hollande allait rendre visite à Mario Monti à Rome le 14 juin, devançant la rencontre informelle à 4 organisé par celui-ci avant le sommet européen des 28 et 29 juin.

Le Portugal ayant annoncé qu’il allait injecter dans les banques du pays 6,5 milliards d’euros, dont 5 provenant de son plan de sauvetage, on apprenait également que les banques chypriotes avaient d’urgence besoin d’au moins 1,8 milliard d’euros, en raison de la récession qui frappe le pays et de leurs pertes sur la dette grecque. Une solution de fortune est activement recherchée, car c’est au tour de Chypre de prendre au 1er juillet la présidence de l’Union européenne… Le système bancaire apparaît plus vulnérable qu’il ne l’a jamais été, toute présentation de celui-ci comme opposant des banques des pays périphériques en difficulté à la robustesse des autres est trompeuse. Elle néglige l’exposition des banques allemandes et françaises à la dette espagnole privée.

Les élections grecques finiraient par passer inaperçues en raison de la tension que la crise espagnole suscite. Déçus par la discussion au niveau G7, les marchés attendent maintenant la réunion de jeudi de la BCE, comme s’il pouvait en résulter un miracle. Faut-il que la crise monte encore pour qu’un rafistolage de dernière minute soit trouvé, car qui, des gouvernements allemand et espagnol chacun trop engagé, pourrait maintenant céder ? Combien de temps sera-t-il possible de faire durer le plaisir en Espagne et en Grèce ?

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155 réponses sur “L'actualité de la crise : UNE ATTENTE DESTINÉE A DURER, par François Leclerc”

  1. C’est hallucinant. Ces responsables, ces décideurs, donnent l’impression d’assister passivement, hébétés et tétanisés, à l’effondrement de leur monde. De temps à autre ils sortent un communiqué rempli de phrases creuses, de lieux communs et d’idées reçues. Puis ils s’empressent de reprendre, comme un disque rayé, éternellement les mêmes mesures qui d’abord ont mené au désastre, et ensuite l’ont aggravé, coup après coup. Et partout des gens, sur le net et dans les rues qui hurlent « ça suffit! Ne faites pas ça! Arrêtez les conneries! »

    Ça ressemble à un spectacle de Guignol. L’humour en moins. Guignol chez les zombies. Seraient-ils déjà tous morts, sans le savoir?

    1. Tous ce ci ressemble a un bateaux qui prend l’eau de plus en plus vite le problème c’ est que les zombies ont déjà leur gilles de sauvetage ; par contre les passages en fond de cale pour eux ca vas être très difficile de s’en sortir . A quel moment les passagers de fond de cale vont se décider a monter sur la passerelle pour prendre leur destin en main ?
      Combien faut il de chômeur en plus victime des discisions de ces décideurs pour que les gens comprennent que tous ce ci nous mène droit sur les rochers .

      1. A Pierre-Yves D.

        « les zombies ont déjà leur gilles de sauvetage

        Les « gilles », c’est une allusion auxgilles de Binche ? »

        C’est vrai, ça flotte bien un gille et les nantis, après l’entrée, le plat le dessert et le fromage, auront
        droit aux oranges…..

      2. CLAP CLAP CLAP ! ricochets sur l’eau du Lac
        Les clapotis des Flots rafraîchissent mes pieds
        Soleil, à la passerelle, mon bateau prend l’eau
        Tout n’est qu’horizon vert, immensité sans fond
        zombie, avant de boire leur calice jusqu’à la lie
        par lune, vent et sel, remonte mon bateau agile
        brisons ces chaînes et frappons ce noir rocher !

    2. Bonjour Agnès,

      Détrompez-vous, les décideurs assistent en effet à un effondrement mais certes pas de leur monde mais du notre.
      Eux, ils vivent ailleurs & différemment à l’abri des vicissitudes qui sont le lot journalier de millions de gens.
      Vous faire croire que votre sort les intéresse est une plus grosse ficelle jamais imaginée par les dirigeants.

      Rappelez-vous que le peuple est la petite monnaie des puissants et des possédants et à ce titre peut être gaspillé et dilapidé.

      Cordialement.

      1. ABSOLUMENT d’accord avec vous et c’est d’ailleurs tout l’intérêt du tirage au sort (en sélectionnant à minima…) être REPRESENTE par des citoyens ne faisant pas partie de l’oligarchie !

    3. à Agnès,

      Les décideurs sont en faits décidés, comme on dit possédés, par des forces qui les dépassent parce qu’elles les possèdent, à tous les sens du terme.
      La soumission des masses a la même origine.

      1. Des détectives, dont un journaliste de Médiapart, ont établis que certains de ces décideurs, et de ceux qui les soutiennent, se réunissent parfois pour envisager des plans pour le monde, plans à moyen ou long terme qui ne sont pas accessibles aux électeurs.
        Cette information ne doit pas être comprise comme une dénonciation de conspiration, puisque ces réunions ne sont pas plus secrètes que tous les préparatifs qui ont conduit à l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la production électrique.

    4. Je ne crois pas à la débilité de nos dirigeants, la crise ça fait 5 ans qu’elle a commencé, je pense tout de même qu’en 5 ans nous aurions trouvé de vraies solutions pour les états et pour les peuples. Parce que tous ces dirigeants en faisant tomber l’économie réelle se tire une balle dans le pied non ? ils consomment, ils ont besoin de nous, ils ne peuvent pas vivre en autarcie, ils ont bien des enfants ?
      Le système ils ne vont pas le laisser mourir, ils le maintiendrons en vie juste ce qu’il faut pour qu’une sélection naturelle se fasse, en tout cas c’est mon point de vue et il n’engage que moi.
      Ils vont construire une Europe Fédérale avec un gouvernement central et une fiscalité unique.
      Nous constatons tout de même que l’austérité veut dire, coupure dans les dépenses de santé, dans les services public, dans les retraites, on parle de flexibilité du travail, ce qui signifie que nous passons à l’aire Anglo-saxon viré du jour au lendemain, tout cela va vers de la sélection naturelle. Que le meilleur gagne. Toutes les mesurettes que le gouvernement mettra en place, parce qu’il n’y a aucune réelle mesure de fond, ce sera pour l’image.
      SI l’Europe tombe ce sera un effet boule de neige, l’Europe importe du chinois, si plus d’importation chinoise, ralentissement économique de la Chine, puis les USA suivent derrière.
      Aucun pays ne peut vivre en autarcie ne serait-ce que pour l’énergie et les matière première.
      A moins de « coloniser » l’Afrique qui a de belles ressources naturelles pour que nous occidentaux nous puissions encore jouir du plaisir de consommer à outrance.

      C’est un peu en raccourci tout ça mais voilà je souhaitais m’exprimer.

      1. Il ne nous reste plus qu’à espérer un Charlton Heston pour pas finir en « soleil vert » !

      2. A moins de « coloniser » l’Afrique

        Ce doit être de  » l’humour rétrospectif »…

      3. Quand je dis  » A moins de « coloniser » l’Afrique » c’est effectivement à prendre au 4ème degré.
        Mais en même temps quand on voit l’occupation (au sens occuper le terrain) des forces de l’OTAN en Afrique du Nord pour le bien des peuples, et que depuis tant d’années nous ne voyons pas vraiment de progrès dans ces civilisations, il y a toujours autant de guerre, toujours autant de pauvreté, je me dis que finalement ma petite phrase n’est pas loin de la réalité. Mais ne nous égarons pas …

      4. La crise ça fait 5 ans qu’elle a commencé

        Non, » la crise » est inhérente à la logique de la marchandise.
        Ce qui se voit depuis 5 ans, ce sont les développements économico-financiers qui ont permis au capitalisme de survivre par le développement de la Dette, véritable dieu de nos temps troublés.

    5. Un problème collatéral de la crise….

      Depuis que mon chien lit ce blog par dessus mon épaule et qu’il a compris que les états de la zone euro empruntaient sur le marché privé à des taux d’intérêts différents et qu’on avait bâti des centrales nucléaires sur la côte à moins de 20 m du niveau de la mer, je sens bien à son regard goguenard que mon autorité a été battue en brèche.
      Le pire, c’est quand il entend à la tsf les mots, « croissance », « gains de productivité », « régulation du capitalisme », « moralisation de la finance » ou « Alain Minc ».
      Il se roule parterre en se tenant les côtes et en aboyant… « Wouaafff les cons »

      M’demande si j’vais pas l’faire piquer cet abruti.

      1. Il y a plus d’humanité dans l’oeil d’un chien quand il remue sa queue, que dans la queue de Le Pen quand il remue son oeil

      2. Dans la rubrique « chien » : Lévinas raconte que les civils allemands toisaient avec mépris la cohorte des prisonniers dont il faisait partie lorsqu’ils traversaient des villes sur le chemin de leur camp de détention. De cette foule de regards inhumains, un chien est venu vers eux en jappant amicalement. Lévinas rapporte cette pensée : « à ce moment là j’ai vu dans ce chien le dernier kantien d’Allemagne. » (mais je doute que ce soit cette anecdote qui a inspiré Binet pour son personnage de Kador : http://4.bp.blogspot.com/_8MUIdVKtJ5A/SyXTtOkMk8I/AAAAAAAAHH4/vb1QbDPoLVI/s400/Kador.png ; mais qui sait?)

    6. C’est hallucinant.

      Non, pas vraiment, la politique du pire qu’elle soit voulue ou non, leur permettra – in fine – d’administrer aux peuples les potions néo-libérales qu’ils rechignent à avaler.
      Aux peuples les plus rétifs en particulier, vous pensez à qui ???
      Ben, il me semble que la France soit une cible de choix de ce grand chaos financier et monétaire. N’a t’ on pas commis le péché impardonnable de dire NON en 2005 ?
      N’est-ce pas le pays le plus « horriblement » centralisé, et attaché à un Etat fort.
      Et surtout un pays où il y a trop de prestations sociales, d’impôts, où le coût du travail est trop élevé, et où le droit du travail est trop rigide. Un pays d’assistés comme
      disait notre ancien président.
      Avec le « fédéralisme à l’allemande » et sous la pression « bienveillante des marchés », ça va changer. Le changement va venir, mais pas d’où on l’attendait, pas des urnes…

      1. A vous lire, nous seront le dessert des libéraux. Ne garde t’ on pas le meilleur pour la fin?

      2. @Sylv

        Ne garde t’ on pas le meilleur pour la fin?

        Piètre consolation. Ce qui est fascinant, c’est que malgré les leçons de l’histoire, malgré les analyses les plus pertinentes de la situation actuelle, les dirigeants nous conduisent dans le mur, et même accélèrent.

        D’un point de vue esthétique ce serait presque beau, comme dirait F. Lordon, si ce n’était tragique.

      1. @ ThomBilabong

        Sinon à part ça… il a de sérieuses occupations le Fred dans les mois qui viennent ??
        Parce ce qu’après je le vois bien s’occuper d’la reconstruction des services bancaires
        car un Lordon vaut Delors ! … Ministre des sinistres. On peut bien-sûr toujours rêver.

    7. Ils ne sont ni hébétés ni tétanisés,ils se confinent comme d’habitude,dans leur rôle de parasite,attendant les directives de leurs Suzerains (Banques),ces derniers n’ayant rien à dire trop satisfaits de leurs gains personnels et de l’effondrement des droits(sociaux mais aussi politiques)…Ne critiquez pas la Finance car ce n’est pas son rôle de gouverner,c’est celui des politiques complices inutiles ,c’est à eux d’envisager l’avenir et non aux banques ..Mais tout ce beau monde corrompu et incompétent espère encore retrouver l’époque faste(pour lui) qu’il vient de vivre!!!

  2. Une brève d’outre-manche pour resituer le monde dans lequel on vit :

    It is totally unacceptable that young unemployed people were bussed in to London from Bristol, Bath and Plymouth and forced to sleep out in the cold overnight before stewarding a major event (ndlr Queen jubilee) with no payment

    En français : Il est totalement inacceptable que de jeunes chômeurs aient été conduits en bus à Londres en provenance de Bristol, Bath et Plymouth puis forcés à dormir sous un point par une nuit froide et pluvieuse afin de participer au service d’ordre d’un événement majeur (ndlr le jubilé de la reine) sans rémunération


    voir la source ici

    Et pour le fun : « Je suis la reine d’Angleterre et je vous …« 

    1. …..Et pas le moins du monde « gênée »….  » The firm, Close Protection UK (CPUK), has issued « sincere apologies » for what it called the « London Bridge incident », but insisted it had not been exploiting individuals but providing work experience » ….Quelle honte !

  3. @ Agnès : « Ça ressemble à un spectacle de Guignol. L’humour en moins. Guignol chez les zombies. Seraient-ils déjà tous morts, sans le savoir ?  » –

    Oui, nous assistons au grand dépeçage, les gentlemen poussent à la mer les femmes et les enfants d’abord, en espérant pouvoir monter dans le canot de sauvetage.

    J’ai particulièrement aimé ce passage :  » Siebert a de son côté expliqué que l’introduction d’euro-obligations n’est pas envisageable « avant de nombreuses années (…) à la fin d’un processus d’intégration politique en Europe  » – Où l’on revient des siècle en arrière à parler du sexe des anges tandis que la forteresse est assiégée et se délite en mille lambeaux…

    Heureusement que l’on a à la maison l’Intégrale d’Alain Gérard Slama pour rigoler, sinon, ce serait d’un sinistre !

    1. Notre société technique n’est pas durable, car son fonctionnement est basé sur des énergies non renouvelables.
      Mais au point où nous en sommes arrivés,nous sommes incapables de faire machine arrière ou d’infléchir la trajectoire: une seule solution la fuite en avant, et c’est ce à quoi nous assistons.
      C’est comme la vie au niveau individuel, on sait que l’on doit mourir un jour, mais on essaie de ne pas y penser.
      C’est la même chose, mais au niveau de notre système anthropotechnique, on fait comme s’il devait se perpétuer pour toujours, même s’il est de plus en plus évident que ce ne sera pas le cas.

      1. Mais au point où nous en sommes arrivés, nous sommes incapables de faire machine arrière ou d’infléchir la trajectoire

        Qui peuvent bien être ces « nous » ?
        Belle absence de démocratie et d’éducation de masse, non ?

      2. @RV

        Nous ? Nous les occidentaux, les « civilisés », ceux qui croyaient chevaucher le progrès technique et qui sont traînés dans la poussière par ce cheval emballé qui les a désarçonnés.

    2. SURVIVRE AU PROGRÈS
      Épuisement des ressources naturelles, surpopulation, désertification, désastres écologiques et économiques, systèmes politiques à bout de souffle, appauvrissement des classes moyennes et populaires… : l’accumulation des crises annonce-t-elle, comme l’affirme l’essayiste et écrivain canadien Ronald Wright, auteur du best-seller Brève histoire du progrès (Éditions Hurtubise, 2006), l’anéantissement de notre civilisation ? Est-il urgent de renoncer, comme il le préconise, à « l’illusion du progrès » qui s’est imposée à toutes les sociétés depuis les débuts de la révolution industrielle, avec ses espoirs de croissance et d’avancées technologiques illimitées ? Tel est le fil conducteur de cette conversation avec de grands esprits de notre temps, illustrée par des images tournées sur plusieurs continents (Canada, États-Unis, Brésil, Moyen-Orient, Chine). Comme Ronald Wright, la primatologue Jane Goodall, l’écrivaine Margaret Atwood, le généticien David Suzuki, et bien d’autres chercheurs, penseurs et militants, dont quelques « repentis » du système financier, estiment que la course au profit et la loi du court terme, en détruisant l’environnement et les liens sociaux, conduisent l’humanité à sa perte. Leurs propos, aussi limpides que convaincants, replacent notre crise écologique et économique dans le temps long de l’évolution humaine. Les questions du progrès, de la dette, du partage des richesses et de l’épuisement des ressources sont ainsi radicalement mises en perspective.

      On peut le revoir ICI

  4. Les marchés?

    C’est une guilde d’usuriers!

    Les réformes structurelles?

    C’est la stratégie du choc, mais bientôt près de chez vous.
    C’est la montée d’un capitalisme du désastre, c’est du Naomi Klein.

    C’est la destruction créatrice, avait déjà remarqué Schumpeter.

    C’est la rilance, ou comment solutionner une crise de surproduction structurelle par une bonne guerre, une guerre civile, une guerre de classe.

    Et le pire, oui le pire, c’est que cela risque de durer.
    Nous ne pouvons même plus miser sur un épuisement imminent des ressources….

    Je vous invite à visionner les deux émissions de Jean-Christophe Victor sur les abysses.

    Mais on se laissera pas faire!!!

  5. Le tout, et notamment la position merkelienne me fait penser au roman « Le Léopard » de Lampedusa (écrivain italien). L’héros du roman, un dénommé Tankredi, s’accroche au slogan « il faut que tout change pour que tout reste en place, inchangé ». Erreur; l’ancien régime de la Sicilie fut balayé en l’espace d’une génération.
    Dans le cas actuel, le temps sera beaucoup plus court.

    1. @germanicus

      Vous vouliez dire le « guépard » n’est -ce pas ? La Sicilie c’est la Sicile.
      L’allemagne est la plus anti-Euro de la CEE (après l’Angleterre évidemment mais qui n’est pas dans l’Euro). C’est ça le problème de Merkel.

      Très bon article dans le Temps d’Emmanuel Garessus à destination de ceux qui font de l’Allemagne le problème central :

      http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a02e732e-af3e-11e1-8217-282d8dd650e3%7C0

      Les Allemands se rêveraient plutôt en Suisse en 2012 …..

      1. Nounours, çà ne vous fatigue pas toute cette pub pour les banquiers dans Le Temps ?

      2. Je n’ai pas trouvé l’article très convaincant: tous ces pourcentages ne veulent rien dire. Par exemple:

        L’Allemagne est entrée dans l’euro avec un PIB par habitant, ajusté du pouvoir d’achat, supérieur de 21% à la moyenne de l’UE et la différence a baissé à 18%. Pour la France, l’écart a diminué de 15 à 8%. Pour l’Italie, de 18 à 1%

        L’auteur suggère donc que le but de l’Allemagne c’est de maintenir (ou plus) le niveau de son PIB/hab de 18% au-dessus de la moyenne européenne. Pourquoi donc les espagnols ne pourraient-ils pas, par principe, jouir d’un niveau de vie équivalent à celui des allemands? C’est débile.

      3. nounours
        Merci pour les remarques – je ne me relis jamais (voir le superbe chanson des années 68: « Je n’aurais pas le temps……. »). Les moderateurs de ce blog l’ont probablement remarqué.

        Merkel représente les allemands. Les eurobonds – si un jour ils existeraient de facto – seraient considérés par les allemands comme une nouvelle version du Traite de Versailles (de 1919): l’Allemagne payera. Et la France perdra sa souveraineté bien-aimée. Serait-ce une bonne affaire? J’en doute.

  6. Dia gnostique :
    La situation est « dra(ch)matique » en Grèce.
    Chypre nous « livre » la même dette recyclée des grecques. (Une cyclade économique en somme) Le système bancaire espagnole ne pese(te) plus rien que du vide (Une sorte de tonneau des danaides ! Encore une histoire grecque)
    Les allemands imposent leur mark à toute la Europe (Et c’est aux fers rouges pour beaucoup)

    Re m’aides :
    L’euro aurait besoin d’anti sceptiques, mais on applique plutot la méthode « cou(d)é franche aux banques stères »…

    Résultat certain : on fina(n)sse avec des chèques en bois
    Résultat probable : on risque l’infla(ma)tion voir pire l’attrape à liquidité (mot choisi pour « chaude p… » ou petite vérole ?)

    Question ouverte : Ca flotte ou ca part en fumée ?

    Bonne soirée à tous et merci pour tout ça
    L’Emmerdeur

  7. Laedunt Omnes, Ultima Necat. (Toutes blessent, la dernière tue).

    Se dit des heures, des dettes, et des mauvaises décisions.

  8. Bonsoir à toutes et à tous, bonsoir François.
    Toutes ces voltes et contre-voltes de manches à air qui croient faire l’histoire quand elles ne font que la dire par à-coups et à l’aveugle, nous instruisent d’une chose : le capitalisme n’est pas un système moribond. Ce serait lui prêter une jeunesse heureuse où il se serait bien porté. Non, le capitalisme est une utopie mort-née, une chimère étêtée et bancroche qui essaie de se faire passer pour une réalité empirique robuste et bien en jambes. Le caressant de la « main invisible », le liant du « doux commerce », on en cherche encore les attestations. Les postulats du libéralisme économique ne sont que des spéculations. Ces spéculations exercent un empire lui bien réel. La main invisible vous fait les poches, prête à vous ôter les testicules au passage, si besoin ; le doux commerce vous fait la guerre lorsque vous ne répondez pas obligeamment à ses avances. La prévalence du système capitaliste sur tous les autres est un fait scientifique énigmatique et paradoxal. Elle se vérifierait par l’invalidation répétée des hypothèses sur lesquelles il se fonde (mais non, nous répond-on ; il est stable dans l’instabilité ; il vit de ne pas vivre, à l’inverse des mystiques) et par la non-prise en compte de la pertinence ou non des autres systèmes, d’emblée disqualifiés. Drôle de zèbre que celui-là. Le capitalisme a droit à un traitement de faveur en matière de protocole expérimental. Il ne s’agit pourtant ni plus ni moins que d’une secte qui dissimule sa vieille kabbale recyclée sous les mathématiques. Le capitalisme reconduit les guerres de religions auxquelles il prétend mettre un terme. C’est un dieu jaloux qui réclame toute l’attention des hommes. Il veut qu’on dépose à ses pieds une offrande de mondes. Il n’y a qu’un dieu pour dévorer jusqu’à ses plus ardents fidèles, jusqu’à ses propres fils, et ce dieu, c’est Saturne (sa thune ?).

    1. Bonjour,

      Moi-même en proie à poétiser un quotidien fait d’ombre et de lumière, j’ai été sensible à ce qui est pour moi bien plus qu’un commentaire, un jaillissement créatif qui me fait mesurer si il en était besoin l’immensité des possibilitées que posséde l’Etre humain pour s’offrir des perspectives de salut .
      Merci et bonne journée.

    2. @ BRL

      « les mathématiques »

      des mathématiques.

      « l’opposition entre une mathématique de l’intelligibilité et une mathématique de la maîtrise mériterait d’être étudiée sur deux plans. D’une part celui de la psychologie individuelle du mathématicien: en général, les grands calculateurs sont plus orientés vers la maîtrise, les chercheurs de concepts et de procédures vers l’intelligibilité. D’autre part celui de l’histoire: je verrais volontiers dans le XIXème siècle la grande époque des mathématiques de la maîtrise (qui n’ont pas peu contribué au scientisme du siècle) avec la théorie des fonctions analytiques, les méthodes de séries à coefficients indéterminés et l’analyse de Fourier. Au XXème siècle, avec le développement de la Topologie, on a vu un certain retour vers l’intelligibilité. Par exemple une théorie comme celle de Morse est holistique, car elle explique comment la structure topologique globale d’une variété peut faire naître les singularités locales d’une fonction qui y est définie. Elle explique donc le local par le global, c’est typiquement une théorie d’intelligibilité. Une théorie comme la transformée de Fourier, avec une formule (quasi-magique!) d’inversion comme celle de Parseval, apparaît typiquement comme une théorie de maîtrise. Bien entendu l’ère des ordinateurs ne fera que renforcer la tendance vers les techniques de maîtrise, qu’on appliquera de plus en plus dans des situations où, a priori, elles n’ont aucune raison de pouvoir s’appliquer. »
      René Thom, Apologie du logos p.331.

      1. Bonjour BasicRabbit. Merci pour cette citation dont la conclusion pourrait ravir d’aise, si Thom était connu de lui, le mathématicien russe Grigory Perelman. Celui-ci motiva son refus de la médaille Fields par une dénonciation du fourvoiement du génie mathématique dans le trading. Un ours dans le genre de Flaubert.

  9. Un compromis va-t-il permettre de sauver les apparences ? La discussion porterait sur une injection des fonds du FESF directement dans le Frob (le fonds espagnol public de soutien aux banques), en contrepartie de quoi des assurances seraient données sur le sauvetage des banque.

  10. Meme si l’ on ne croit pas a la corrélation énergie-économie comme variable premiere de la « crise » , il me semble qu’il faut rester lucide . L' » affect inside » du débat décroissance & Co ne doit pas occulter ces données essentielles .

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    Dix ans après sa création, l’ASPO confirme le pic pétrolier

    Les faits semblent donner raison à l’Association d’étude du pic pétrolier. La production annuelle de pétrole conventionnel a amorcé une décrue depuis 2006, tandis que le baril est à plus de 100 $ en continu depuis un an, situation sans précédent.

    En ouverture de la conférence de l’ASPO à Vienne (Autriche), le 30 mai, son président, Kjell Aleklett, professeur de physique à l’université d’Uppsala en Suède, en appelle à « déployer un matelas d’amortissage », car l’atterrissage risque d’être plus brutal que ce qu’annoncent les économistes : « Les lois de la physique sont plus fortes que les lois de l’économie ». La production de pétrole – non conventionnel inclus – est entrée depuis 2005-2006 dans une phase de plateau instable. Les cent plus grands champs pétroliers, qui fournissent 45% du brut de la planète, donnent des signes de faiblesse, la taille moyenne des puits est en diminution. Sur le front offshore, les compagnies pétrolières développent des forages de plus en plus profonds, dont l’emblème est la plate-forme de Deep Water Horizon associée à la tragique marée noire de 2010. Certains forages, comme Jack-2 dans le Golfe du Mexique, atteignent une profondeur équivalente à la hauteur du Mont Everest. Des cimes technologiques sont désormais nécessaires pour aller chercher le précieux liquide.

    Fin du plateau

    D’année en année, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a été obligée de revoir ses prévisions à la baisse : dans le World Energy Outlook de 2004, elle annonçait que la production de pétrole atteindrait 121 millions de barils par jour en 2030. Or celle-ci stagne aujourd’hui autour de 85 millions de barils par jour. Dans ses rapports ultérieurs, les chiffres de l’AIE sont sensiblement plus modestes. En 2030, estime aujourd’hui l’Agence, la production mondiale sera d’autant de barils qu’aujourd’hui, mais sur la base de ressources qui restent à découvrir. Entre temps, un décrochage aura eu lieu, car la courbe du pétrole brut aura commencé à décroître. L’ASPO se penche sur cet écart entre les découvertes hypothétiques et la déplétion réelle des plus grands champs pétroliers et gaziers de la planète.

    Quand ce décrochage aura-t-il lieu ? Selon le physicien américain Robert Hirsch, ancien directeur de la prospection pétrolière chez Exxon, l’événement est imminent : il aura lieu autour de 2013-2015. A ce moment-là, le plateau instable des énergies fossiles arrivera à son terme, et entamera une décrue de 5 à 7% par an, dont les effets sur l’économie mondiale seront immédiatement sensibles. La courbe de la production de pétrole descendra d’autant plus rapidement que les grands pays dits émergents voudront augmenter leur consommation d’énergie. Le monde, dont l’énergie est fournie à 85% par les fossiles, sera confronté à des turbulences et des tensions comparables à celles qui ont accompagné les chocs pétroliers de 1973 et de 1980. A ceci près que, cette fois, il s’agit d’une évolution géologique irréversible et non pas d’une décision provisoire des pays de l’OPEP de fermer les robinets. Face à une telle urgence, les gouvernements devraient déjà préparer leurs populations à être confrontés à des pénuries.

    Le Peak Oil, sujet tabou

    L’ASPO a été co-fondée en 2002 par les géologues Jean Laherrère et Colin Campbell, auteurs d’un article remarqué annonçant la fin du pétrole bon marché, publié dans Scientific American en 1998. Cette société savante se fonde sur les données fournies par certaines compagnies pétrolières comme l’annuel BP Statistical Review of World Energy et sur des compilations collaboratives élaborées par des experts et géologues indépendants, tels que Jeremy Gilbert, entré comme ingénieur de production chez BP en 1964 et aujourd’hui directeur d’une entreprise spécialisée dans l’audit pétrolier. Celui-ci regrette qu’en dix ans, l’ASPO n’ait pu obtenir le concours des compagnies pétrolières, alors que le message de l’imminence du pic commence à être perçu par le grand public : « Nous n’avons toujours pas d’accès à des données détaillées sur les champs pétroliers, l’industrie pétrolière refuse de débattre avec nous ».

    Reste que les compagnies pétrolières gardent les données « sous le paillasson », alors qu’il s’agit d’informations cruciales pour l’avenir. La principale source en la matière, l’IHS, détaille l’état de chaque champ et de chaque réservoir de la planète. L’IHS a pris la suite de la société Petroconsultants, première base de données indépendante sur les ressources pétrolières fondée à Genève dans les années soixante. L’IHS est d’usage payant – acquérir la totalité des données de cette base peut coûter jusqu’à un million de dollars. Autant dire qu’elle ne sert qu’aux compagnies elles-mêmes, et à quelques transfuges sachant les décoder.

    Possibles pannes du système

    Pour sa dixième conférence à Vienne, l’ASPO a invité l’OPEP, sise dans la capitale autrichienne, et l’AIE. Les deux organisations ont décliné l’invitation. C’est que l’ASPO pose des questions gênantes. Les gigantesques quantités d’énergie nécessaires au fonctionnement des sociétés industrielles semblent couler de source, tant elles sont imbriquées dans le système. La plupart des économistes eux-mêmes semblent ne pas prendre en compte cette part physique du système ni anticiper son inéluctable contraction. L’univers de la « Big Energy » est verrouillé et influent. Aux Etats-Unis, selon le professeur de géostratégie Michael Klare, c’est l’industrie pétrolière qui domine traditionnellement la politique et empêche la transition énergétique. Elle sait aussi déployer ce que Jeremy Leggett, spécialiste britannique des énergies renouvelables, estime être une propagande anti pic pétrolier, « faisant passer chaque découverte de champ de gaz de schiste pour un nouveau Qatar ».

    Que se passerait-il si l’ASPO avait raison ? Comment les sociétés réagiront-elles si elles sont plus rapidement confrontées que prévu par les institutions officielles à une flambée du prix du baril, voire à des pénuries qui pourraient avoir des conséquences sur l’approvisionnement à la pompe, sur la chaîne alimentaire, sur les transports et sur l’ensemble de la production industrielle ? Pour Dennis Meadows, principal auteur du fameux rapport du Club de Rome Limits to Growth paru en 1972, « nous avons construit un système fondé sur l’assomption de ressources illimitées, et nous commençons à être confrontés aux premières pannes d’approvisionnement, sans vraiment encore prendre la mesure de la dépendance de nos sociétés à l’énergie. A ce stade, nous avons rassemblé suffisamment de données. Maintenant il faut agir ».

    Agnès Sinaï © Tous droits réservés Actu-Environnement
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    Perso , je pense que l’ ASPO ne tient pas assez compte du feed back societal comme auto-régulation: la solution de limiter la demande ne pouvant se faire technologiquement et l’ effet de collage au modèle consumériste etant tres fort , la demande va coller a l’ offre déclinante par une REDUCTION des DEMANDEURS , de façon a privilègier le consumérisme ….mais cette charmante solution exige beaucoup de flics et ne peut fonctionner qu’ un temps ..le temps que certains « tuyaux » n’aient plus un débit minimum pour etre rentable .

    1. Stratégie du choc : face à cette éventualité, les élites vont créer une panique parmi les populations et leur intimer l’ordre d’accepter le gaz et le pétrole de schiste sous peine de revenir rapidement à l’état de nature.

      Et on aura gagné 50 ans de sursis…ce qui convient parfaitement à la logique court-termiste ultralibérale, nonobstant les possibles conséquences écologiques.

      Et la France pourra dire : on n’a pas d’idées mais on a du pétrole !

    2. @ Kercoz 6 juin 2012 à 08:43
      Les énergies fossiles, comme toutes les énergies, sont devenues, vitales pour nos pays développés. Paradoxalement, alors que l’Europe a été à l’origine des découvertes scientifiques et techniques qui ont conduit à leur utilisation intensive dans tous les pays du monde développé, elle n’a pas su se montrer suffisamment vigilante aux effets leur épuisement.

      Elle est devenue très vulnérable à l’épuisement de ces énergies, essentiellement parce qu’elle a consommé pratiquement tous ses stocks ainsi que ceux de minerais. Difficile, dans ces conditions de conserver son rang au plan industriel.

      Cette vulnérabilité est accrue du fait que nos modes de vie nous rendent extrêmement dépendants des énergies fossiles, notamment dans l’élaboration des aliments et les transports, y compris des personnes.

      Vous avez mille fois raison de revenir sur ce sujet qui est à la racine des perturbations économiques lesquelles ne font que commencer en déstabilisant les finances et la monnaie européenne. Cette monnaie n’a de valeur qu’en fonction de sa dilution et de son adossement aux richesses de la zone €, lesquelles sont constituées de deux parts essentielles :
      -un capital matériel comprenant le sol et les équipements de surface qui permettent son exploitation, ainsi que le sous sol avec les quelques richesses qui y subsistent encore, dans certains pays de l’Europe du Nord, pas forcément prêts à les apporter dans la corbeille de mariage de la communauté.
      -un capital humain capable de mettre en valeur le capital matériel et qui a d’autant plus de valeur, qu’il est en mesure de produire beaucoup et bien en consommant peu.

      Le problème est simple, l’€uro est probablement surévalué compte tenu des richesses auxquelles il est adossé, tant pour ce qui concerne le capital matériel, que pour le capital humain, dont le train de vie trop élevé, réduit la compétitivité.

      1. Le train de vie trop élevé, ok, ok pour arrêter notre gaspillage irrationnel et ses pollutions associées.
        Mais la compétitivité, qu’est-ce qu’on s’en fout? C’est un jeu à somme nulle. La coopération mêlée à une meilleure coordination pourrait nous sortir de cette mélasse.

      2. @ Cyberpipas 6 juin 2012 à 14:04

        Mais la compétitivité, qu’est-ce qu’on s’en fout? C’est un jeu à somme nulle. La coopération mêlée à une meilleure coordination pourrait nous sortir de cette mélasse.

        Manifestement, vous n’avez pas compris comment fonctionne le mécanisme de l’évolution depuis l’origine de l’homme et qui subsistera avec d’autant plus d’âpreté que les conditions de survie deviendront difficiles.

        Nous vivons dans un système d’échanges mondialisés entre entités économiques spécialisées qui se copient et se confrontent entre elles sur le plan économique. Chacune aspire à ne pas se laisser distancer à seule fin de ne pas tomber sous la coupe d’une plus puissante qu’elle et de subir son exploitation.

        Ne voyez-vous pas que nous en sommes arrivés à ce stade à l’intérieur de l’Europe ? Ne voyez vous pas que des confrontations économiques du même type sont en train de se préparer à une plus grande échelle entre zones géographiques plus larges concernant toute la planète.

        Ce sont les leaders, ceux qui se sont les mieux imposés dans la compétition économique et représentent les plus grandes forces qui ont le plus voix au chapitre lorsqu’arrive l’heure de solder les comptes. Les belles théories, les attitudes empreintes de bons et nobles sentiments, sont d’autant plus faciles à faire admettre qu’elles sont portées et défendues par des entités fortes.

        Alors, quand je vous entends dire « la compétitivité on s’en fout » je me dis que non seulement, il faut vous attendre à devoir changer d’avis dans la douleur, mais que d’une certaine façon vous l’aurez un peu cherché.

        Mais peut-être que votre déclaration, en forme de provocation, était destinée à recueillir des justifications à l’appui de ce que j’avance. Dans ce cas là, vous les avez.

        Quant à la coopération, avouez qu’elle est plus facile à réaliser entre des êtres qui font la preuve de leur envie de s’en sortir en ne rechignant pas à l’effort, plutôt qu’avec des gens qui attendent que d’autres le fasse à leur place.

      3. @ jducac 6 juin 2012 à 17:50

        Je voudrais bien essayer la coopération et la coordination économique à l’échelle mondiale, juste pour voir si ça fonctionne mieux que la compétitivité et l’exploitation.

        Le Darwinisme social n’est pas une justification, ni un argument recevable, et heureusement pas davantage une posture incurable!

        8)

        Des vacances au Chiapas vous feraient le plus grand bien!

      4. @ Cyberpipas 7 juin 2012 à 01:16

        Des vacances au Chiapas vous feraient le plus grand bien!

        Merci pour le conseil. Je me suis livré à cet exercice durant quelques jours de visite avant que les zapatistes se rebellent et contribuent à priver leur Etat de la ressource touristique à laquelle j’ai bien modestement contribué.

        Vous qui semblez connaître la situation, quels résultats ont été obtenus suite à cette rébellion ? Je n’ai rien trouvé sur le net. Est-ce que ce mouvement à donné plus de richesse au pays ? Son avantage est d’extraire son énergie par un prélèvement sur les flux (agriculture et hydroélectricité) et d’être moins sensible à l’épuisement des énergies fossiles.

        C’est peut-être l’occasion de réfléchir à la survenue d’effondrements tels ceux qui ont touché les civilisations Mayas et Romaines et qui guettent la civilisation occidentale, et plus largement la civilisation humaine entière, en relation avec les irrégularités d’accès à l’énergie.

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique#L.27influence_.C3.A9conomique_du_concept_de_TRE_.2F_EROEI
        http://storage.canalblog.com/52/19/338284/34742826.pdf

      5. @jducac

        Bien d’accord avec vous. Des gueux, que dis-je, des Indiens – donc forcément inférieurs aux conquérants blancs! – qui se rebellent sous l’imbécile prétexte qu’ils seraient dans la misère! Fi donc! Une rébellion ne rapporte rien aux élites du pays, au contraire, ça coûte cher, il faut payer des milices, des fusils et des munitions pour aller tuer leurs femmes et leurs enfants, et tant qu’ils se révoltent, ils ne travaillent pas pour trois pépettes par jour dans nos beaux champs de colza et nos belles mines à ciel ouvert qui nous rapportent tellement à nous, l’Elite, c’est-à-dire au pays. Manque à gagner! Ruine de l’économie!

        Et vous avez bien raison de dire que la collaboration est plus aisée avec des esclaves soumis, dociles et polis qui ne se plaignent ni ne rechignent à se crever au travail joyeusement pour nous enrichir, nous les entrepreneurs, les seuls à vraiment travailler au fond, donc à mériter nos mirobolants bénéfices et nos salaires vertigineux.

        Quant à votre parallèle avec la civilisation romaine, j’admire! Si si, j’admire! Tout le monde sait de nos jours que la chute de Rome est due à l’ignominieuse révolte de Spartacus. Vous avez bien raison de le rappeler. Monsieur jducac, au nom de tous les esclaves heureux et fiers de l’être, merci!

      6. @ Agnès

        Pour revenir au Chapias et aux Mayas, sauf erreur de ma part, l’effondrement de leur civilisation est antérieur à l’arrivée des conquérants « blancs ». Alors, de grâce, je pense qu’il vaut mieux s’employer à essayer de prendre un peu de hauteur plutôt que de s’abaisser à ouvrir par des insinuations, des sujets d’oppositions plus nuisibles qu’utiles. Les populations du cru n’ont pas attendu l’arrivée des blancs pour s’entretuer.
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Effondrement_de_la_civilisation_maya_classique

        Bien cordialement.

      7. Ooooh! La belle diversion. On parle du Chiapas et de la révolte des années ’90, et ça vous répond civilisation Maya écroulée depuis teeeellement longtemps. On se demande bien qui sont ces péquenots qui habitent le Chiapas aujourd’hui, et pourquoi diable ils se révoltent, puisque Cortez est mort depuis cinq siècles ou à peu près.

    3. La Sté du Pétrole:

      – lorsque la Russie a cessé l’approvisionnement de Cuba, dans l’année suivante la production agricole a chuté de moitié, le pétrole c’est aussi ce que l’on met en engrais, en pesticide, en carburant dans le machinisme agricole, bref la terre à plus de 7 milliards de terriens à nourrir .

      – la décroissance de production des principaux site tel Cantarell au Mexique a été de près de 14% après le pic pour se stabiliser aujourd’hui autour de 7%, la raison, les multforages, les injections de tous ordres pour accèlérer la production, bref la décroissance annoncée sera peut-être bien plus brutale qu’estimée, la production de pétrole en mer du nord a atteint son pic de production en quasi 20 années contre 40 dans la théorie de Hubert.

      – Pour le Gaz de Schiste, apparemment une énorme bulle serait en cours, le système épuiserait les puits en très peu d’années, l’explosion de la production gazière et la chute de son prix viendrait de cette exploitation déraisonnée, bref le miracle ne serait pas tant au rendez vous, sans compter que le rapport pétrole employé pour la production et la production réelle n’est pas énorme, la fracturation serait également appliquée aux puits de pétrole en fin de vie.

      – On parle rarement du bilan énergie produite et énergie globale nécessaire à la production, l’efficacité énergétique est souvent délaissée au profit du coût en dollars, la France a fait de grands projets sur le biocarburant, à quoi bon mettre plus de pétrole pour le produire, qu’il ne nous rend, car in fine la production de tout ce qui nous entoure, part du pétrole, le jour où on n’en a plus, on pourra toujours utiliser les éoliennes pour alimenter les usines mais quid de l’extraction des matières 1ères et du transport par mer, comment volera demain le nouvel A 350 …

      – à noter aussi dans ce discours bien pessimiste, il fera sans doute fleurir les noms d’oiseaux, qu’aller chercher du pétrole au fond de l’océan coûte forcément plus cher en dollars mais malheureusement demande bien plus de pétrole pour faire tourner les foreuses, sur 85 millions de tonnes produits aujourd’hui, une partie de plus en plus importante sert uniquement à exploiter les puits actuels et futurs, en d’autres termes et concernant le pétrole conventionnel, nous sommes déjà en décroissance mais cela a été jusqu’à présent gommé par la surexploitation des puits actuels de pétrole, du charbon, du gaz naturel et gaz de schiste… mais après !!!!!

      Suis donc curieux de voir la réduction de la consommation liée au feed back societal comme auto-régulation, serons nous capable demain de réduire chaque année qui vient de 4 à 7% notre consommation et ce sans discontinuer pendant des dizaines d’années, c’est vrai la finance trouvera les dollars nécessaires, mais où ira t on chercher le pétrole s’il n’y en a plus ou s’il est énergiquement absurde d’aller chercher 1 litre de pétrole lorsqu’il faudra en consommer plus d’1 our le produire.

      1. @Bourdon
        //// le pétrole c’est aussi ce que l’on met en engrais, en pesticide, en carburant dans le machinisme agricole, bref la terre à plus de 7 milliards de terriens à nourrir . /////
        80% du prix des engrais NPK est du gaz ! …..Le fuel agri n’est pas raxé , ce qui le rend plus sensible aux fluctuations des couts … Et tout notre système consumériste (80 % de l’ urbanité en conso et fabrication) est pris sur le gain de productivité gagné sur l’essentiel , en grande partie sur l’alimentaire ….

      2. @Kercoz.

        Vous rejoignez la réflexion de Jancovici qui assimile le pétrole à du travail que l’être humain n’a pas eut à faire.

        C’est bien évidemment par les économies faites pour nous nourrir, le temps et l’énergie économisés grâce au pétrole que notre société est ce qu’elle est et pas du tout grâce au capitalisme et encore moins à la science économique.

        Comme le dit PJ, qu’est ce que l’argent, la valeur que nous voulons bien lui donner, supprimons le pétrole, que valent alors nos richesses !!!, toutes nos machines et usines ne valent que parce qu’elles sont en activité, arrêtons les et nos sociétés s’écroulent.

        En ce sens la déplétion du pétrole aura des effets bien plus importants qu’on ne le pense.

        Quant à l’action du gaz sur la fabrication des engrais, qu’est ce que cela change, le jour où le pétrole viendra à manquer, le prix du gaz et des matières 1ères exploseront et il deviendra lui aussi rare, la production agricole s’effondrera

    4. Merci pour ces éléments très utiles au débat.
      Je pense surtout à l’agriculture agro-industrielle, forte consommatrice de pétrole (tracteurs, serres, engrais, camions…).
      Avec un rythme d’augmentation annuel de la population mondiale de ~ 80 millions d’individus, une réduction continue des surfaces cultivables (urbanisation, désertification, épuisement des sols par l’agro-industrie…), un épuisement des ressources halieutiques…, je crains le pire, et cela, sans même compter l’effet amplificateur de crise des spéculateurs de tout poils.

    5. Il faut tenir compte de l’effet qu’à le renchérissement du prix du brut lié précisément aux tensions observées sur le marché quand l’offre devient insuffisante. Nous sommes depuis 2006/2008 sur un « plateau ondulant » où la production stagne à un maximum un peu inférieur à 90 millions de barils et rend toute reprise économique impossible : si reprise économique il y a, elle se heurte rapidement à un renchérissement du prix du brut. On estime ainsi qu’à partir d’une facture énergétique supérieure à 5% du PIB, l’économie entre mécaniquement en récession. On néglige trop souvent ce facteur dans le déclenchement de la crise en 2007…

  11. L’Europe est aux soins intensifs, sous monitoring permanent. Fini la liberté, la fête, les folles virées avec DSK. La crise l’a frappée en plein Sofitel. Les meilleurs médecins, et les pires, se relaient à son chevet, donnant parfois des avis contradictoires, mais déontologiquement tenus de garder la malade en vie aussi longtemps que possible, même s’ils ne se prononcent pas sur les chances de guérison. Ils gardent le recours au poumon artificiel et au cœur artificiel pour plus tard, si tout le reste ne donne pas de résultat.
    Pas question d’euthanasie. Les conditions légales ne sont pas remplies :
    1. La patiente n’est pas encore majeure : tous ses organes ne sont pas encore à maturité.
    2. Il n’y a pas de demande écrite de la patiente, formulée de manière volontaire, réfléchie et répétée, ne faisant l’objet d’aucune pression extérieure.
    3. Il n’est pas certain que la patiente se trouve dans une situation sans issue.
    4. La souffrance physique ou psychique n’est pas encore constante, insupportable ou inapaisable.
    5. Il n’est pas encore totalement démontré que l’état de la patiente soit dû à une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable.

  12. La rapacité de la droite n’a pas d’égal. Il est vrai comme le dit François Fillon, que permettre à des gens qui ont travaillé toute leur vie, 40 ans, mis au monde des enfants et les ont élevés, que c’est « désastreux » de leur permettre de partir en retraite. Tandis que Parisot s’alarme aussi de tout ce qui pourrait soulever le couvercle de l’austérité. Rien n’a encore été fait, de toute façon le ressentiment de la droite, perdante des élections, est écœurant.

  13. …. et en attendant c’est destiné à continuer
    et cela n’en finira jamais de duper

  14. Les contorsions actuelles me confortent dans l’idée que toutes les approches macroéconomiques conduisent à des mesures incohérentes et inadaptées, quelles que soient les théories sur lesquelles elles s’appuient. Elles font des agrégats de choux, de carottes, de navets et de poireaux, dans un potage soigneusement mixé pour éviter les grumeaux, et prétendent en tirer à la dégustation des arguments sur la manière de faire pousser, au potager, les légumes en question pour faire une bonne soupe.
    En période de crise, quand les légumes végètent ou pourrissent au lieu de pousser sagement, il vaudrait mieux mettre des bottes et aller sur le terrain regarder si ce ne sont pas des limaces, des chenilles ou des mulots (ou d’autres, ou tous à la fois) qui créent les dégâts diététiques et gastronomiques constatés. Si c’est le cas, plus le temps passe, plus les petites bêtes détruisent ce qui reste.
    Bien sûr, il faut accepter le principe de se salir les mains et de trucider cruellement les bestioles en question (ou de les envoyer par dessus le grillage dans le potager du voisin, mais elles risquent de revenir). Cela peut choquer la conscience de ceux qui auront toujours de quoi garnir leur assiette, parce qu’ils se servent avant les autres sur les étals des marchés en raison de leurs privilèges statutaires.
    La macroéconomie ne mène en fait qu’à des débats sur l’arrosage artificiel, …mais c’est juste mon avis de jardinier, Candide probablement.

    1. @Esope

      Votre idée de départ est correcte, c’est la seule correcte d’ailleurs, cependant vous commettez l’erreur de filer trop loin la métaphore, comme les adeptes de René Thom par exemple sur ce forum. L’économie n’est pas exactement le jardinage ! Vous avez une analogie certes, mais rien ne vous autorise à la pousser jusqu’à l’identité. Ca c’est l’erreur, il y a des gens qui ont réfléchi sur l’économie en tant que telle, ils se nomment Keynes, Malthus, Marx. Ils n’ont pas estimé qu’il s’agissait uniquement d’un problème de mulots et de carottes.

      La macro-économie ne peut que faire des ravage lorsqu’on n’a pas compris la micro-économie.

      il fut un temps où la politique interférait dans l’économie bien davantage qu’aujourd’hui, où le capitalisme était amendé par certaines décisions politiques arbitraires et où ses mécanismes pouvaient apparaitre avec moins de clarté. Le politique pouvait exercer un RESET, générer de l’argent, forcer une production nationale, étatiser, bref; la logique du capitalisme était moins apparente, ce qui pouvait justifier une absolue mécompréhension de la rationalité économique.

      Aujourd’hui non. L’aspect purement cybernétique apparait davantage. A ce titre, il faut considérer le système comme un réseau d’amplificateurs, chaque entreprise étant un point du réseau, d’où l’importance de la micro-économie qui consiste seulement à apercevoir les éléments dont le système est fait, et la question est de savoir si l’interaction de ces éléments de base est semblable à un amplificateur a amortissement linéaire, logarithmique ou pas, bref, vers quel état tend le système.

      Chaque entreprise ne génère rien d’autre que d’un côté une offre de marchandises, de l’autre une demande, et une épargne. Si jamais il n’y a pas correspondance exacte, si jamais l’épargne ne retourne pas dans le système, alors il faut une intervention extérieure pour maintenir l’équilibre.

      On voit aussi que la croissance est une fiction. Il n’y a pas de croissance globale dans un système en équilibre, de même qu’il n’y a pas d’amplification spontané dans un circuit oscillant RLC :

      http://e.guimberteau.free.fr/Site/TS/Physique/C3%20cours.htm

      L’économie est un système de flux, elle relève nécessairement d’une théorie des flux et dans ce genre de système, rien ne se perd mais aussi rien ne se crée spontanément ! On a voulu faire un système, on a un système avec les contraintes qu’on a bien voulu se donner, il ne faut pas ensuite s’étonner de ce que l’on rencontre le mur qu’on a soi-même mis en place !

      Si rien ne se crée, aucune croissance ne se crée non plus ! Dans les circuits électriques, il n’existe pas d’électrons à crédit, s’il le système doit rembourser l’énergie qu’il a reçu il ne créera certainement aucune énergie. Si vous ne créez que de l’argent par le crédit, forcément le résultat final est nul, c’est comme chauffer une maison en devant restituer toute l’énergie perçue. Le résultat est que le bilan énergétique est négatif, étant donné les taux.

      1. @ listzfr

        Contrairement à ce que vous semblez penser, je crois que nous sommes sur la même longueur d’onde :

        « La macro-économie ne peut que faire des ravage lorsqu’on n’a pas compris la micro-économie. »

        Entièrement d’accord, seulement, je crois que la plupart des analystes macro-économistes n’ont qu’une idée très virtuelle des contingences de la micro-économie. Un thème récurrent de mon blog (Le blog de Zenon) est que, pour faire de la croissance, il faut aller sur le terrain de la micro-économie. C’est d’ailleurs ce que je voulais suggérer, sans doute maladroitement, en parlant de culture des légumes dans un potager pour alimenter les marchés. Parmi toutes les bestioles qui menacent l’économie, vous pouvez placer par exemple tous les types de spéculations, en particulier celles sur les monnaies ou les ressources.

        « Si rien ne se crée, aucune croissance ne se crée non plus ! Dans les circuits électriques, il n’existe pas d’électrons à crédit, s’il le système doit rembourser l’énergie qu’il a reçu il ne créera certainement aucune énergie. Si vous ne créez que de l’argent par le crédit, forcément le résultat final est nul, c’est comme chauffer une maison en devant restituer toute l’énergie perçue. Le résultat est que le bilan énergétique est négatif, étant donné les taux. »
        Voir : http://www.zenon-elee.fr/article-au-marche-factuel-l-effet-larsen

        Espérant vous avoir rassuré, je vous adresse mes salutations.

      2. « […] il faut considérer le système comme un réseau d’amplificateurs, chaque entreprise étant un point du réseau […] »

        Il y a au moins deux différences capitales entre l’exemple d’un réseau physique et le réseau des échanges économiques et financiers:
        – avec un réseau physique on peut faire des expériences, faire varier les paramètres favorise énormément la détermination des lois qui le régissent mais surtout (ça change tout) ces expériences peuvent et doivent être reproduites avant qu’on prennent en compte les lois qu’on a pensé pouvoir en tirer;
        – les éléments d’un réseau physique ne portent aucune attention aux idées qui circulent à leur propos alors que dans le domaine de l’économie comme dans celui de la finance les idées, coutumes, lois (et j’en passe puisque même les religions s’en mêlent) jouent un rôle fondamental (comme on peut le constater en observant des civilisations différentes ou la même civilisation à différentes époques.)

        Je ne veux nullement dire que tout est possible ni même qu’on ne peut pas tirer de l’observation des règles qu’il est indispensable de suivre si on veut éviter le genre de catastrophe que nous avons sous les yeux.

        Simplement ça n’est pas parce qu’on dispose de théories mathématiques quasiment parfaites et de théories physiques qui marchent plutôt bien que les théories économiques et financières tiennent la route même quand elles sont largement acceptées.

      3. Voir ce que dit sur l’économie Karl Polanyi (par exemple via le petit ouvrage de J.Maucourant « avez vous lu Polanyi » aux éditions Flammarion ), qui s’est désencastrée (désertie dit PJ) de la société (on peut discuter comment, à quelles dates, en une ou plusieurs fois, où….

        Ce qui la rend en apparence « plus mathématique ».
        Mais c’est surtout une apparence.

        Sur la complexité du réseau ainsi formé et le peu de gens qui contrôlennt en haut (ce qui rend les modèles physiques hasardeux : « bruit » [dus à leur idosyncrasie] ~ signal !)
        l’article de Battiston et Stiglitz (traduit par ma pomme en sept 2011)
        D’où la nécessité d’y chercher autre chose que des chiffres pour y voir plus que pouic. Des rapports de force par exemple.

    2. @ GL
      « théories mathématiques quasiment parfaites »

      Je pense que toutes les théories mathématiques sont parfaites, quasiment par définition. Le problème est qu’elles peuvent être parfaitement insignifiantes…

  15. LBO : quand la martingale devient bombe à retardement

    Nombre d’entreprises rachetées avec effet de levier pourraient faire défaut d’ici 2015, selon Moody’s. Une mauvaise nouvelle pour l’emploi et l’économie en Europe.

    Les Etats ne sont pas les seuls à faire face à un véritable « mur de la dette ». De nombreuses entreprises aussi. L’agence de notation Moody’s a ainsi lancé mardi un avertissement. Sur 254 entreprises rachetées par LBO — Leverage Buy Out, ou acquisitions avec effet de levier —, un quart pourrait faire défaut d’ici 2015 quand les emprunts faits pour les acquérir arriveront à échéance et qu’il faudra les renouveler. Ces dettes, d’un montant global de 133 milliards d’euros, concernent au premier chef des entreprises britanniques (pour 54 milliards), suivies par des allemandes et des françaises. C’est une nouvelle menace sur l’équilibre économique européen….

    http://www.actuchomage.org/2012060221062/La-revue-de-presse/lbo-quand-la-martingale-devient-bombe-a-retardement.html

    1. « LBO : quand la martingale devient bombe à retardement »

      Après l’effet levier, l’effet rateau.

      1. Ah! Basic, vous êtes-là (Esprit, es-tu là?) : saviez-vous que Turing travaillait sur les questions de la morphogenèse dans les dernières années de sa vie? Si oui, vous êtes-vous intéressé à son boulot? Une référence dans Thom?

      2. @ jicé
        Dans son article « The chemical basis of morphogenesis, 1952 » Turing introduit sa célèbre équation de réaction-diffusion pour expliquer la morphogénèse.

        Dans « Towards a theorical biology, 1972 » Thom reprend cette équation pour montrer en quoi son approche qualitative (et indépendante du substrat) du problème de la morphogénèse diffère de l’approche quantitative (et dépendante du substrat biochimique) de Turing. Thom utilise le modèle de Turing pour interpréter la différenciation cellulaire en terme de régime stable du métabolisme (dans le fil de Delbrück et Waddington). Voir « Méthode mathématique pour la morphogénèse », chapitre XII.

        Thom reparle de l’équation de Turing dans « Esquisse d’une sémiophysique », 1988, p.59:

        « Beaucoup de théoriciens modernes, à la suite de Turing, ont évoqué les équations de réaction-diffusion pour expliquer la morphogénèse. C’est oublier que la vie est canalisation, endiguement et lutte contre la diffusion. »

        On peut s’étonner du changement de ton de Thom vis-à-vis du modèle de Turing. Thom a eu deux périodes, toutes deux mathématico-philosophiques, la première héraclitéenne (Stabilité structurelle et morphogénèse, fin des années 1960), la deuxième aristotélicienne (Esquisse d’une sémiophysique, années 1980). Peut-être (sans doute?) est-ce dû au fait que la théorie des saillances et des prégnances est passée par là entre temps?
        Ma conclusion perso et provisoire: le modèle du Turing explique comment se fait localement la différenciation cellulaire. Mais il n’explique pas globalement pourquoi elle se fait.

      3. @BasicRabbit

        J’aimerais souligner ici que R. Thom n’a jamais écrit aucune bêtise ! Il est le seul d’ailleurs à ce jour, un peu infaillible en fait, comme le Pape, pardon sa sainteté.

      4. @ lisztr
        « J’aimerais souligner ici que R. Thom n’a jamais écrit aucune bêtise ! »

        1) Thom était connu pour ses erreurs dans ses démonstrations. Ce n’était pas son problème (comme pour certains littéraires l’orthographe est l’affaire de l’éditeur).

        2) Thom propose des modèles de morphogénèse à partir de la théorie mathématique des catastrophes (acceptée par la communauté mathématique donc supposée « sans bêtises »). Il exporte alors cette théorie mathématique par le biais d’analogies (différentiation des fonctions/différenciation des cellules, germe de fonction différentiable/lignée germinale, catastrophe de fronce/fronce observée dans la gastrulation de grenouille, etc.).
        Au lecteur de juger si ses analogies sont ou non des « bêtises ». Perso je trouve sa démarche intellectuelle d’une audace à laquelle je ne vois pas d’égal et qui, ne serait-ce qu’à ce titre, mérite le respect.

      5. @BasicRabbit

        J’ai oublié de mettre un smiley.

        Il faut se méfier avec ces transpositions de théories, la biologie est une science empirique, il serait surprenant qu’une théorie non-empirique rende compte de tout ce que l’on observe. On peut esquisser des analogies partiellement comme je le fais par exemple en considérant le système économique comme système cybernétique… le jardinage c’est le jardinage Keynes n’était pas jardinier ni Marx, et les biologistes étudient l’embryologie et pas les matheux !

        C’est ça qui ne va pas, les maths ne sont pas là pour faire de l’embryogenèse, seul le génial Descartes aurait eu le droit de le faire. L’idéalisme n’est pas un empirisme.

        Est-ce que l’on observe un embryon en cours de maths ? oui ou non ? je ne crois pas.

      6. @ Lisztfr
        « les maths ne sont pas là pour faire de l’embryogenèse »

        Les maths sont d’abord un langage. C’est dans ce langage que, à la suite de Newton, on a « fait » de la physique. Avec un succès difficilement contestable. Cette physique théorique, de Newton à Einstein et les mécaniciens quantiques en passant par Maxwell a été élaborée dans le langage des mathématiques quantitatives.
        Si certaines disciplines, comme les sciences humaines ou la Biologie, ont été si lentes à se mathématiser c’est d’une part parce que la déduction qualitative et empirique y offrait un support suffisant aux possibilités de prévision et d’expérience et d’autre part parce que les mathématiques qualitatives étaient insuffisamment développées. Mais les mathématiques qualitatives (la topologie) qui ont émergé dans la première moitié du XXème siècle, ont fait suffisamment de progrès pour que l’on puisse dorénavant « faire » de la biologie et des sciences humaines dans ce langage, c’est à dire formuler mathématiquement des problèmes concernant ces disciplines. Ce qu’a fait René Thom en biologie et en linguistique. L’avenir dira s’il est ou non un nouveau Newton (il est plus difficile de valider une théorie quantitative qu’une théorie qualitative…).

        « Seul le génial Descartes aurait eu le droit de le faire. »
        A la suite d’Antonio Damasio, je ne pense pas que Descartes soit si génial que ça. Pour moi, la logique cartésienne est une nette régression par rapport à la logique aristotélicienne: la coupure galiléenne va de paire, ama, avec la coupure cartésienne.

        « L’idéalisme n’est pas un empirisme. » Comment ne pas être d’accord (même si mes compétences philosophiques sont insuffisantes pour donner un sens précis à ces termes).
        Je suppose que vous voulez dire par là qu’il est inutile (voire impossible?) de théoriser la biologie. « Abstraire n’est pas mentir » disait Aristote. Et abstraire c’est plonger le réel dans un virtuel contrôlé, c’est à dire théoriser.
        Reste l’opposition Platon/Aristote. Thom:
        « En dépit de mon admiration pour ce dernier, je reste platonicien en ce que je crois à l’existence séparée (« autonome ») des entités mathématiques, étant entendu qu’il s’agit là d’une région ontologique différente de la réalité usuelle (« matérielle ») du monde perçu. C’est le rôle du continu, de l’étendue, que d’assurer la transition entre ces deux régions. »

      7. Basic Rabbit,
        Comme vous, je pense que la Mathématique est le langage universel par excellence.
        Avec ou sans nous, elle existe mais quelle est notre perception. Le sens (la signification) du nombre ? L’infini existe dans la globalité des espaces, et pas uniquement aux bornes…
        Donc comme avec le temps (qui passe) nous devons faire un compromis.
        Notre conscience est limitée. Nous sommes obligés de fixer le nombre alors que….
        L’identique n’existe pas et la représentation est la résultante de nos sens.
        La conscience de la passion et de la raison est un premier pas vers la sagesse ou la responsabilité.

      8. @BasicRabbit

        Du point de vue de la méthode, et de l’épistémologie, Descartes est toujours valable. Voir l’admirable passage au sujet du morceau de cire, qui préfigure kant. Descartes reste intéressant.

        http://osp.revues.org/index748.html

        Dans « l’erreur de Descartes », A. Damasio apporte une vision originale sur la manière dont les émotions se manifestent dans les inter-relations étroites qu’entretiennent le corps et le cerveau dans la perception des objets. En s’appuyant sur de l’étude de cas « Phinéas Gage », l’auteur se propose de montrer comment les émotions permettent de nous adapter à l’environnement et pourquoi « pour le bon et le moins bon » elles font partie de la raison (contrairement à ce qu’indique une certaine culture classique cartésienne)

        Elles ne font pas partie de la raison, sauf de celle que la raison ignore. Le coeur à ses raisons…

        Que des bêtises. Le corps fournit des représentations etc : c’est l’art de tout mélanger. La philosophie n’est pas une psychologie et son but n’est pas d’expliquer le fonctionnement du psychisme. Lorsque Kant fournit des catégories à la raison, son but n’est pas d’expliquer ce qui est mais ce qui doit être, ce qu’est la raison en tant que telle ! mince. Ou l’entendement.

        … en précisant comment le corps fournit un contenu fondamental aux représentations mentales. Celui-ci constitue le cadre de référence de notre représentation du monde, de notre relation à ce dernier : les représentations fondamentales du corps en train d’agir forment un cadre spatial et temporel stable, sur lequel les autres représentations pourraient s’appuyer. Ainsi, le fait d’exister précéderait celui de penser, contrairement à ce qu’indique la pensée cartésienne.

        N’importe quoi. C’est le malheur de la phénoménologie que d’avoir ouvert les portes de la philosophie aux goujats de toute espèce. Damasio mélange philosophe et psychologie. Au sens psychologique il a raison, ce qui n’indique rien sur l’aspect philosophique du problème.

        Il ne s’agit pas d’expliquer le fonctionnement de l’entendement réel de chacun mais de l’entendement en tant que tel, ou du sujet ideal, abstrait etc;

        Bref … ne donnez pas dans tous les panneaux svp.

        Et les mathématiques n’ont rien à voir avec l’embryologie, parce que ce qui importe ce sont les protéines fabriquées par les gènes, et les interactions moléculaires à ce niveau.

        Les maths servent dans les simulateurs, le calcul de résistance des matériaux etc.

        Vous ne pouvez pas déterminer la composition d’une protéine qui détermine un stade de croissance embryonnaire par la pensée mathématique; Donc les maths n’ont rien à en dire, ce n’est pas l’objet, le substrat leur échappe. C’est pourquoi c’est une mauvaise idée et c’est pourquoi il faut abandonner René Thom.

        Une hypothèse intéressante est celle qui permet de trouver dans la réalité des phénomènes qui viennent la conforter. Or ce n’est pas le cas pour R Thom. Il n’y a rien de falsifiable non plus épistémologiquement ça n’a pas de sens !: C’est pourquoi vous êtes fâche avec Descartes parce que vous négligez l’essence de sa pensée qui est la découverte du réel dans la lignée kantienne, tandis que Spinoza c’est l’implémentation a priori de Dieu (la nature) partout… Il n’y a pas photo.

        Si seulement on s’en tenait à Descartes on éviterait bien des errements; et je n’ai que du mépris pour l’anti-cartésianisme d’un Spinoza. Mais c’est typique, des gens qui n’ont pas de méthode, ils oublient que leur première hypothèse est un chèque en blanc et qu’ils ont à la prouver par la suite, et l’hypothèse tout doucement se transforme en vérité intangible.

        Conservons l’idée de méthode, ce serait déjà une bénédiction pour notre époque.

        Quand à Thom ce ne sont que des spéculations qui n’ont pas d’incidence sur le réel, Rabbit.

      9. lisztfr,
        La psychologie est une composante de la philosophie….La psychologie de l’animal n’est pas celle de l’homo. L’essence précède les sens. La sagesse amène à comprendre le pourquoi dans son caractère abstrait (la représentation).
        La Mathématique n’a rien à dire puisqu’elle est le langage. A vous d’interpréter sa fonction ou son origine !
        Je vais vous raconter une histoire. Vous avez 3 exercices : les 2 premiers notés sur 5 pts et 1 dernier sur 10 pts. Sûre de vous, vous commencez par le premier exercice (5 pts) mais vous n’avez pas dans le temps impartis (passionné), la possibilité de réaliser la fin des exercices suivants (15 pts). Vous croyez que c’est une erreur stratégique car vous n’avez pas pris le plus facile pour une fois (le manque d’humilité contre la stratégie). Vous ne comprenez pas pourquoi vous n’avez pas eu le temps… Le lendemain, on vous annonce qu’une erreur s’est glissée dans les intitulés du premier exercice. Vous êtes surpris d’obtenir 12,5 sur 5pts. Où est la réalité de ce que vous avez obtenu……

      10. @ Lisztfr
        Tout d’abord j’ai relevé une erreur dans l’un de mes précédents commentaires:
        « Il est plus difficile de valider une théorie quantitative qu’une théorie qualitative…. » Il faut bien entendu permuter quantitatif et qualitatif.

        Thom: « C’est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l’apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l’être vivant, ils dissolvent l’antinomie de l’âme et du corps en une entité géométrique unique. De même sur le plan dynamique ils absorbent causalité et finalité en une pure continuité topologique, aperçue en des sens différents. »

        La philosophie de Thom est donc clairement moniste alors que celle de Descartes est clairement dualiste. Nous avons choisi chacun notre camp.
        Il faut de tout pour faire un monde. Que dire de plus?

      11. @ Olivier69
        « La Mathématique n’a rien à dire puisqu’elle est le langage. »

        Les mathématiciens (et mathématiciennes) ont une liberté quasi-absolue: choix du langage, choix des hypothèses, choix des règles de déduction. La mathématique peut donc n’être qu’un jeu de l’esprit et c’est souvent le cas.
        Un problème important est donc celui de la sémantique, du sens à donner aux théories mathématiques et à leurs théorèmes: avoir du sens ou non, être signifiant ou insignifiant, là est la question. L’ambition de René Thom avec sa théorie des catastrophes est précisément de produire des mathématiques qui ont un sens, en particulier « d’abolir la distinction langage mathématique/langage naturel qui sévit en Sciences depuis la coupure galiléenne. »

      12. BasicRabbit,
        Tout comme le langage, elle s’utilise de différentes façons et s’interprète sous des angles variés. Mais utiliser les espaces vectorielles, central limite ou encore la courbe de Gauss,..etc n’influent pas le Domaine de Définition mais notre définition. Le sens de la Mathématique n’est pas à démontrer. C’est comme si vous cherchiez le sens de l’existence sans considérer l’essence. Les langages sont des jeux de l’esprit mais tout le monde ne se comprend pas pour autant. Son existence ( la Mathématique) n’est pourtant pas le seul fait de l’homme. La communication, les interactions sont plus complexes qu’ils n’y paraissent…
        Pour l’homme, la Mathématique n’est pas sans le dénombrement. Qu’est ce que le nombre ? La loi existe-t-elle sans le nombre ? Une chose presque identique nous anime, c’est notre passion. On ne peut pas saisir l’insaisissable…

      13. @ Olivier69

        Envoi d’Apologie du logos (René Thom, 1990, Hachette):

        « Les quelques trente-cinq articles réunis dans ce volume jalonnent le spectre continu sous-tendant l’ambiguïté du terme [logos]. J’aimerais faire comprendre à mon lecteur combien il est fécond de revenir à la source du logos, où une raison profondément une se revêt tour à tour de l’appareil mathématique (en général rudimentaire et mutilé, car la générativité du nombre ne peut s’y déployer) ou de la déduction verbale, langagière -non formalisée- du « bon sens ». Mais le choix qui s’opère entre ces deux versants du logos n’a rien d’arbitraire. On le sait bien: en mathématique il n’y a pas d’élément sémantique individué jouant le rôle du concept sous-jacent au substantif de la langue. A peine le point géométrique -impalpable entité, localisation pure sémantiquement vide- peut-il jouer ce rôle: tout le reste n’est que relation, opération, construction. Dans la langue, les relations syntaxiques visibles sont d’une effrayante pauvreté, d’une monotonie qui prend peur d’elle-même et stoppe toute générativité (éviter la répétition, manifestation de l’instinct demort selon Freud…). Par contre, les éléments de base noms, verbes, ou adjectifs (et j’emploie à dessein une terminologie naïve mais à validité très probablement universelle) – sont sémantiquement très riches, ils désignent des concepts dont la signification, comme le montre la consultation des grands dictionnaires, est d’une richesse qui dépasse l’imagination. C’est dire que ces deux modes d’expression reposent chacun sur une capacité de résumer, par un symbole ou une opération, une situation d’une très grande complexité. »

        Je ne peux que vous inviter à lire cet recueil d’articles. Il y a en particulier un chapitre sur le rôle de la mathématisation en sciences.

    2. BasicRabbit,
      C’est captivant, et merci pour les références. J’y jetterai un regard. Vous semblez très technique et je pense être plus socio-économique. Je pense que nous pourrions établir une analyse atypique de la morale et de la religion.
      En effet, le message d’origine est confus pour l’homme puisque l’interprétation est actuellement humanisée et chèrement débattue (la maîtrise partielle de la socialisation). Les principes qui dictent le message sont interprétés sous la contrainte du temps. Plus le temps s’écoule et plus notre combat transforme l’essence. Ainsi, la modélisation a perdu une partie de son sens (essence). Elle prend pourtant un sens, c’est pourquoi je pense, il convient de respecter la maïeutique et la force du message originel. L’inattendu est la raison de vivre. Dans la représentation, on essaie de modéliser afin d’éviter le hasard et l’impossible. Il faut juste le respecter mais on ne pourra pas le dominer (sortir de la dimension ?). La Mathématique n’est autre que le mode de fonctionnement de notre espace (un code, un langage). Il y aurait plusieurs espaces hiérarchisés mais impalpables. Elle n’est pas un outil hasardeux de la découverte. Et puisque notre définition de « Dieu » est symbolisée par une entité suprême, personne n’est en mesure de prétendre à la bonne interprétation du message (l’unanimité). Ainsi, n’est il pas la Mathématique dans sa forme originelle ? La Mathématique serait « l’au dessus » mais interprétable (le danger de sa non compréhension, de sa représentation et son interprétation) et le temps modifierait son entendement. L’ensemble, l’association, l’intégration,…toutes les lois s’y retrouvent dans un sentiment humain. Ce serait un besoin viscéral de lois qui permettent le positionnement.
      La socialisation est-elle une loi mathématique ? La religion ne serait qu’une interprétation humaine des lois par l’âme (la morale)? La Mathématique fait souvent appel à la raison (par exemple : le dénombrement)… Le concept de l’infini est surprenant : la maîtrise par l’homme de l’insaisissable. La progression forme le mouvement et le développement est sans nul doute la bonne direction (par opposition à la réduction). Ce n’est qu’une interrogation ?

      1. Enfin, les langages sont l’expression verbale (sens et richesse). Pour les structurer, il a fallu dénombrer, dissocier des sons dans le sens de la communication (l’échange et les interactions). Le langage (l’esprit peut-être) n’est pas les langues (représentations) vue sous son angle (les alphabets) pour une communication (vecteur d’interactions). La Mathématique était déjà en nous….
        Il y a l’objet (la Mathématique : les lois) et ses représentations (les formes : trigo, algèbre,…) vue sous son angle (le dénombrement) pour une modélisation (outils : théorèmes,..) afin de mieux appréhender l’environnement. C’est donc déjà une interaction virtuelle. C’est l’interaction de l’intériorité et de l’extériorité. L’interaction réelle réside dans le fait que nous faisons partis du tout (essence de la Mathématique). Ces deux interactions virtuelles et réelles sont sensorielles… C’est juste une impression. Je garde ma folie pour moi !

      2. @ Olivier69

        « Je pense que nous pourrions établir une analyse atypique de la morale et de la religion. »

        Je n’en suis pas là! J’ai découvert l’oeuvre de Thom il y a une quinzaine d’années car j’avais des problèmes de stabilité structurelle concernant mon propre domaine de recherches à cette époque.
        C’est beaucoup plus récemment que je me suis intéressé à la partie proprement philosophique de son oeuvre (partie d’ailleurs indissociable de la partie mathématique, ce qui en fait, selon moi, son originalité, sa profondeur et aussi, hélas, sa difficulté).
        Je suis loin d’avoir compris (et a fortiori digéré) le message thomien (il n’est d’ailleurs pas du tout impossible que je fasse des contresens).

        « Dieu »

        Thom en parle à ma connaissance une seule fois (Esquisse d’une sémiophysique (1988) p.216)): « Peut-être Dieu n’existera-t-il pleinement qu’une fois sa création achevée », rejoignant ainsi le « Premier selon la nature, dernier selon la génération » d’Aristote. « Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde. » ES p.225.

        Thom est, à la suite d’Aristote et de Waddington, un épigénéticien (« le rôle du génome apparaît plutôt comme un dépôt culturel… », ES p.128). Et par suite lamarckien (« On ne pourra que s’étonner, dans un futur pas tellement lointain de l’étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute action du soma sur le germen, tout mécanisme lamarckien (ES p.127). Thom est donc opposé au dogme de la TSE qui stipule le contraire. A noter que l’épigénétique devient à la mode chez les biologistes.
        Pour Thom « les situations dynamiques qui régissent les phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l’évolution de l’homme et des sociétés, ainsi l’emploi de vocables anthropomorphes en Physique est foncièrement justifié. » SSM p.327. Cette analogie thomienne biologie/sociologie nous invite donc, si j’ai bien compris, à reconsidérer l’évolution sociale en ne confiant plus le destin de la société à une seule élite germinale, auto-proclamée représentative, seule apte à faire les lois. C’est la raison pour laquelle je fais du prosélytisme pour l’oeuvre de Thom sur ce blog puisque, si l’on suit Thom, le dogme de la TSE s’effondre et le TINA de l’ultra-libéralisme avec (cf. PS).

         » La Mathématique serait « l’au dessus » »

        « Il n’y a de théorisation possible que mathématique ». AL p.372.

        Thom se revendique d’Héraclite et d’Aristote. Il écrit cependant (ES p.245): « En dépit de mon admiration pour Aristote, je reste platonicien en ce que je crois à l’existence séparée (« autonome ») des entités mathématiques, étant entendu qu’il s’agit là d’une région ontologique différente de la « réalité usuelle » (matérielle) du monde perçu. C’est le rôle du continu -de l’étendue- que d’assurer la transition entre ces deux régions. » ES p.245.
        Cela ne me semble pas si loin de ce que vous écrivez:
        « C’est l’interaction de l’intériorité et de l’extériorité. L’interaction réelle réside dans le fait que nous faisons partie du tout (essence de la Mathématique). Ces deux interactions virtuelles et réelles sont sensorielles… »

        Thom est un géomètre. Pour lui le continu précède ontologiquement le discontinu, la forme précède le nombre, la géométrie/topologie précède l’algèbre/analyse. Thom tente (ama avec succès) de renouer les fils, brisés par la coupure galiléenne, reliant le logique au morphologique. Son approche est herméneutique, il s’agit d’expliquer le local par le global: « La physique s’est fascinée sur le problème de l’unification des causes, c’est-à-dire la théorie du champ unitaire. C’est le problème inverse de la scission, et de la relative indépendance des facteurs causatifs, qu’il importerait au contraire d’élucider; » AL p.584.

        « L’âme »

        « C’est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l’apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle moniste de l’être vivant, ils dissolvent l’antinomie de l’âme et du corps en une entité géométrique unique. De même sur le plan de la dynamique biologique, ils absorbent causalité et finalité en une pure continuité topologique, aperçue en des sens différents. » SSM pp.326, 327.

        « Le concept de l’infini est surprenant : la maîtrise par l’homme de l’insaisissable. »

        Patrick Dehornoy a fait un court exposé: « L’infini en mathématiques », dispo en pdf sur le net, que je trouve lumineux.

        PS: Je ne suis pas trop sûr de moi et ça me gêne. Jean Petitot, qui fut intellectuellement très proche de Thom, est ultra-libéral hayekien et utilise l’argumentation thomienne pour le justifier: voir « Vers des lumières hayekiennes » dispo en pdf sur le net.

      3. @BasicRabbit

        « Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde. »

        Vous sentez la contradiction qui existe entre ces termes ? Méta-physique renvoie à ce qui est au delà de la physique,

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Physique#.C3.89tymologie_et_.C3.A9volution_du_sens

        « Le terme « physique » vient du grec η φυσικη (ê physikê) adopté dans le monde gréco-romain, signifiant « connaissance de la nature ». Ce nom est obtenu en substantivant l’adjectif φυσικος, -η, -ον qui se traduisait alors par « qui concerne la nature ». La racine de ces termes est φυσις (physis), la nature au sens des Grecs anciens. »

        donc,

        Une méta physique concerne ce qui est au delà du monde naturel autrement dit du monde empirique, de ce qu’on nomme « réalité », donc il saurait y avoir de métaphysique « réaliste ».

        Et tout le reste du discours thomiste est à l’avenant, c’est du dilettantisme philosophique.

        La métaphysique n’est pas par essence, réaliste ! la métaphysique consiste comme le disait le professeur Laruelle, à tracer une limite entre deux conceptions, la réalité et une sur-réalité, appelons-les comme on voudra. C’est l’essence d’une dialectique métaphysique, et il n’est pas permis à mon sens de parler de métaphysique « réaliste », sauf, sauf pour Jésus (les chrétiens sont les champions de la résolution des contradictions) Jésus qui fait le lien entre l’immanence et la transcendance, permettant ainsi à la chrétienneté de ne plus considérer le monde profane comme monde de la mort (à cause du pêché) et indigne de considération.

      4. Merci à vous BasicRabbit et Litztfr,
        La métaphysique réaliste serait de considérer que l’infini (pas d’identique) est une propriété (caractéristique fondamentale de la stabilité) au sein d’un état défini, d’une dimension fini? Ne serait-ce pas plutôt le temps lui-même, soit un état en soi. Le temps ne passe pas, il est… Il n’y aurait (en qualité d’état) pas de distinction entre l’essence et le sens (origine et fin). La perception est un changement de dimension (voyage du téléscope et microscope). L’énergie est un changement d’état. L’espace (distance) serait fini par les limites de la propriété (La Mathématique) mais notre perception recherche l’infini (la compréhension). Alors y aurait-il une autre propriété (que la Mathématique) dans les autres dimensions non perceptibles ?

      5. @ Lisztfr

        « Seule une métaphysique réaliste peut redonner du sens au monde ».
        Il s’agit de la dernière phrase de la conclusion de « Esquisse d’une sémiophysique », dernier ouvrage philosophique de Thom. Je ne vois pas d’autre façon que de lire son oeuvre pour que vous vous forgiez votre propre opinion.
        Perso je crois que la métaphysique thomienne est contenue dans le « Premier selon la nature, dernier selon la génération » d’Aristote.

      6. @ Olivier69

        La conception qu’Aristote a de l’espace ne correspond pas à l’idée que l’on s’en fait généralement. Voici ce qu’en dit Thom dans ES pp.209 et 211:

        « Aristote, au livre VIII de la Physique, justifie le caractère ontologiquement premier du déplacement spatial (par rapport à tout autre type de variation, de changement, métabolè) en remarquant que dans l’embryon les organes locomoteurs sont les derniers à se former. »

        « Il est curieux de voir comment Aristote a ostracisé le concept d’espace, en lui substituant, pour les besoins de sa physique substantialiste, un « lieu » attaché à chaque entité. Cette exclusion de l’étendue -qui a eu, il faut le reconnaître, sur les origine de la Mécanique des effets assez désastreux- n’en a pas moins eu des conséquences heureuses. Car en dévalorisant l’étendue spatiale, Aristote a, par compensation, pensé tous les problèmes des entités mentales sous la catégorie du continu. Il est sans doute permis d’interpréter l’aristotélisme comme une lente reconquête -une réappropriation- de l’espace qu’on s’était par force empêché de voir au départ. »

        L’espace: premier selon la nature et dernier selon la génération?

        Quid du temps chez Aristote?

      7. BasicRabbit,
        Pour tout vous avouez, je pense que le temps est un état et que l’espace pourrait être un mouvement. Nous l’interprétons par notre perception (dans notre dimension sensorielle). C’est le temps (élément fini) dans un espace (élément infini). Notre représentation nous force à concevoir l’espace comme fini (structuration) et le temps infini. C’est un compromis qui est peut-être lié au rapport de l’essence à l’existence (le sens) : l’évolution…Mais la réalité métaphysique ?
        Le temps pourrait n’être que la dimension universelle dans notre espace sensoriel. Et la Mathématique serait le fonctionnement, les propriétés (ses lois) relatives à notre univers. Il existerait des espaces (sensoriellement non répertoriés) qui se trouveraient dans la micro ou macro dimension par exemple (non perceptible). Le temps serait intégré dans notre espace. Le temps comme dimension fini dans l’espace (dimension infini) ? Là, où la Mathématique s’arrête, l’homme croit que l’univers est fini. On fixe le temps pour se situer dans l’espace. En arrêtant notre temps, nous avons des sensations (profondeur) et parfois des solutions…

  16. Les espagnols refusaient tant et plus de passer sous les fourches de l’ajustement structurels de la « Troïka »…Mais pourquoi les journalistes appellent-ils cette triplette de hit-men « Troïka », si ce n’est pour connoter « Union soviétique »/communiste. L’archétype de l’économie « administrée », comme disait Youpi et crac-crac-crac. On le sait, les cocos, c’est les mauvais. D’ailleurs, ils veulent supprimer la naturelle supériorité du pognon sur la sueur et démolir notre système qu’il est si bon pour faire crever l’économie, la planète et accessoirement les gens qui y habitent.

    On est toujours dans le registre de la manipulation grossière, que reprennent en choeur tous les patrons de presse de ces organes pourris que sont le Monde, Libération, et autres Figaro, si empressé envers le moindre executive order des fascistes ultra-liberaux à la tête de la Commission Européenne, tous ces commissaires à tête de kapos et de la plupart des pays de l’UE, comme ceux qui drivent l’Espagne aujourd’hui, pour le malheur du peuple espagnol.

    Ces individus, représentant le peuple à 1M€ et plus, n’ont jamais eu de mot assez doux pour les institutions au service de leurs copains richissimes : FMI, Banque Mondiale et GATT ou OMC, OCDE, OFCE…Aujourd’hui la bouche en chœur, ils viendraient refuser l’aide des copains…Manip encore. Posture « indépendantiste » de cette délétère droite néo-franquiste. La « stratégie du chaos », c’est le paradis pour ces canailles.

  17. Un seul dogme, une seule vérité.
    Tout doit disparaitre ! Nulle réalité valable hormis celle comprise
    dans le faisceau de la marchandisation de tout contre (presque) tous.

  18. Et si on réformait structurellement tous ces inutiles, élus pour beaucoup, nommés par leur pairs de plus en plus souvent ?
    Ils ne font que rechercher ad nauseam à appliquer le sacro-saint principe de socialisation des pertes et privatisation des bénéfices, même si les filons se tarissent.
    Ils recherchent une croissance qui ne reposerait que sur davantage de destruction de la planète et des sociétés, pour le plus grand bénéfice (à court terme) des nantis.
    Et s’ils comprennent que les réformes structurelles imposée par les peuples peuvent n’avoir rien à envier à la violence du libéralisme, il tentent de la contenir par des lois liberticides (loi 78, LOPPSI, HADOPI, ACTA…), ou de la détourner en présentant des boucs émissaires (des « qui ne sont pas comme nous », des « qui ne mangent pas comme nous », des « qui ne prient pas comme nous », des « qui vivent à nos crochets »…).
    On dirait que l’humanité s’avance vers un carrefour qui lui offre une multitude de mauvaises voies simples à suivre, et, peut-être, quelques chemins prometteurs, à condition de savoir les défricher.
    Mais comme on dit : « L’arbre tombe toujours du côté où il penche ».

  19. Le piège :

    L’espagne a développé les infrastructures routières en tous sens dans le pays, modifiant les routes nationales existantes en « autovias », à 4 ou 6 voies sur des axes où la densité de circulation reste très minime et une majorité de ces routes sont casiment désertes en permanence…

    Ces travaux titanesques ont été financés par le denier public et que déjà, chaque automobiliste doit s’acquitter de « l’impôt sur la circulation » que perçoivent les municipalités (de 150 à 350 € par an) supposé participer au maintien des voies de circulation.

    A ce jour, le gouvernement va mettre en place un système à péage sur les autovias, a un prix annoncé vers 2€ du kilométre.

    Il y a des itinéraires où il n’existe plus aucune route « traditionnelle » pour raccorder 2 villages, ce qui veut dire que les habitants devront systématiquement payer pour se déplacer sans autre alternative…

  20. Point de non retour ? Degradation de 6 banques allemandes et de leurs filiales etrangeres par MOODY’S :

    Moody’s dégrade la note de plusieurs banques allemandes dont Commerzbank

    BERLIN – L’agence de notation Moody’s a annoncé mercredi qu’elle avait abaissé la note de la dette d’une série de banques allemandes, dont Commerzbank et plusieurs banques régionales (Landesbanken), conformément à ce qu’elle avait laissé entrevoir en février.

    La première banque allemande Deutsche Bank, pour laquelle Moody’s avait également émis un avertissement en février, ne figure pas dans la liste, car elle fait l’objet d’un examen à part.

    Les décisions annoncées mercredi reflètent le risque croissant de nouveaux chocs émanant de la crise de la dette en zone euro, commente Moody’s dans un communiqué…..

    ……Moody’s avait publié mi-février une liste de 114 instituts européens menacés d’abaissement de leur note. Au cours des semaines passées, et alors que la crise de la dette en zone euro est repartie de plus belle, l’agence a mis sa menace à exécution, abaissant notamment la note de 16 banques espagnoles, ou encore, ce mercredi, des trois plus grandes banques autrichiennes.

    http://www.romandie.com/news/n/_Moody_s_degrade_la_note_de_plusieurs_banques_allemandes_dont_Commerzbank_RP_060620121042-23-190715.asp

    Moody’s Downgrades Six German Bank Groups, And Their Subsidiaries, By Up To Three Notches

    Submitted by Tyler Durden on 06/05/2012 19:27 -0400

    First Moody’s cut the most prominent Austrian banks, and now it is Germany’s turn, if not that of the most undercapitalized German bank yet: « The ongoing rating review for Deutsche Bank AG and its subsidiaries will be concluded together with the reviews for other global firms with large capital markets operations. »

    The full downgrade Matrix :

    http://www.zerohedge.com/news/moodys-downgrades-six-german-bank-groups-and-their-subsidiaries-three-notches

    Allemagne : La crise frappe à la porte
    5 juin 2012
    Presseurop Süddeutsche Zeitung, Der Spiegel

    Mauvaise nouvelle de la Bourse en Allemagne : pour la première fois depuis janvier, le DAX, principal indice du pays, a chuté en-dessous de la limite symbolique des 6 000 points. Berlin se retrouve confronté à une réalité longtemps refoulée : l’Allemagne, jusqu’ici résistante à la crise, est atteinte par la récession.

    “Ce mois de mai noir est un avertissement aux dirigeants politiques pour qu’ils réduisent toutes les incertitudes des employés et des entreprises européens”, réagit la Süddeutsche Zeitung. En tant que pays exportateur dépendant à la fois de ses voisins européens (avec la Grèce et l’Espagne comme facteurs d’instabilité) que des pays émergents (où le boom ralentit), l’Allemagne doit agir vite et surtout,

    accepter le fait qu’aujourd’hui, la politique économique ne peut pas se faire, dans les seules limites de ses frontières nationales.

    Même son de cloche pour le Spiegel Online, qui estime que “la plus grande erreur des Allemands a été de considérer la crise comme celle des autres, Grecs, Portugais, Espagnols et Italiens. Rester en dehors n’est plus une option”…..

    http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/2121251-la-crise-frappe-la-porte

  21. @FL.
    vous dites : « ..Les élections grecques finiraient par passer inaperçues en raison de la tension que la crise espagnole suscite.. »

    ce qui me semble être plus « d’actualité » est le potentiel « effondrement » de la capacité des USA (+ annexes) à faire face économiquement parlant , dans les mois qui viennent ,ceci étant illustré par les échanges « musclés » entre les différents candidats à la présidence (et leur incohérence) et pour lequel le « Barouf financier » en Europe est une aubaine afin de faire durer la dénégation.

  22. Des solutions il y en a !!! La preuve :
    Bientôt la retraite à 80 ans? C’est en tout cas ce que préconise le président de l’American International Group (AIG) comme solution à la crise, rapporte Bloomberg.
    Robert Benmosche, interviewé dans sa villa côtière située à Dubrovnik (Croatie), est lui-même âgé de 68 ans. L’homme d’affaire juge que:
    «L’âge de la retraite devra être augmenté à 70, 80 ans. Cela rendrait les retraites et les services de santé moins coûteux. Cela ferait travailler les gens plus longtemps et enlèverait un fardeau des épaules de la jeunesse.»
    La prise de position de Benmosche a lieu alors que l’Union Européenne fait pression sur la Grèce, qui a l’âge de départ à la retraite le plus bas de la zone euro (59,6 ans). En France, François Hollande avait promis de revenir sur la retraite à 62 ans pour ceux qui ont assez d’années de cotisations.
    AIG avait expliqué la semaine précédente que son équipe argentine conseillait celle basée en Grèce, qui doit se préparer à une possible sortie du pays de l’euro. «On a traversé la crise en Argentine et dans d’autres pays, donc nous avons de l’expérience», explique Benmosche.
    Jugeant que la sortie de la Grèce de la zone euro serait «catastrophique», le dirigeant met la pression sur Athènes:
    « Les Grecs devraient réaliser qu’il n’y a aucune issue de secours [et le gouvernement doit réussir à les faire travailler plus longtemps]. Sinon, et s’ils reviennent à leur ancienne monnaie, alors je pense qu’ils subiront une énorme inflation et ce sera dévastateur pour les personnes qui ont des revenus fixes.»
    AIG est l’une des compagnies d’assurances sauvées par le gouvernement américain lors de la crise des subprimes en 2008. Son président a profité de l’interview pour annoncer que «AIG devrait bientôt avoir des fonds suffisants pour organiser la sortie du gouvernement du capital de l’entreprise».
    D’après Washington, l’opération pourrait rapporter près de 15,1 milliards de dollars (12 milliards d’euros) au contribuable américain.

    A noter : cette recommandation ne s’applique pas à lui même, cela va de soi !!

    1. Oui, augmenter l’âge de départ à la retraite est une solution possible pour conserver le niveau des retraites par répartition, vu l’augmentation de l’espérance de vie. A réaliser progressivement.
      Mais cela vient en contradiction avec trois autres aspects socio-économiques indéniables : le chômage, le fait que les entreprises privées envoient leurs séniors en pré-retraite pour diminuer leur charge salariale et l’existence de métiers qui usent particulièrement la santé.
      Dans ce contexte, je ne vois pas bien comment faire en sorte que la majorité des travailleurs travaillent jusqu’à 70 ou 80 ans. C’est une utopie esclavagiste.
      Enfin, je pense qu’en allant chercher certains excès de richesse à l’endroit où ils sont produits, on peut maintenir des niveaux de retraite décents sans perturber l’équilibre budgétaire (encore à atteindre au demeurant) et sans augmenter drastiquement l’âge d départ à la retraite.

      1. augmenter l’âge de départ à la retraite est une solution possible pour conserver le niveau des retraites par répartition, vu l’augmentation de l’espérance de vie.

        Je n’ai pas les chiffres sous les yeux mais l’espérance de vie qui augmente, c’est encore un poncif néolibéral…elle augmente où, et pour qui ? Ne redescend-elle pas dans certaines régions du monde ? D’autre part, dans les sociétés occidentales robotisées et informatisées, la masse de travail globale diminue et ne permet plus de donner un emploi à tout le monde… me trompes-je ??

    2. Cela revient à la supprimer purement et simplement, mais ce monsieur n’assume sans doute pas sa véritable pensée, du moins en public. Je rappelle que selon Antoine Peillon, 600 milliards d’euros échappent à l’imposition française car ce stock est déposé dans des paradis fiscaux. cela engendrerait un revenu équivalent au sixième du budget national (celui de l’Education grosso-modo) Par ailleurs, les revenus du travail ont cédé environ 10 points face à ceux du capital depuis une trentaine d’années, soit un manque à gagner de 190 milliards par an, sur la base de PIB actuel. Sans parler des niches fiscales, des subventions diverses et variées aux entreprises, surtout les grandes, en pure perte On peut en financer des projets et des protections sociales avec ça…

  23. Amsterdam, 6 Juin 2012

    Chèr M. Leclerc,

    « Les élections Grecques finiraient par passer inaperçues en raison de la tension que la crise espagnole suscite.. »..

    Ce matin j’ai lu attentivement et avec de l’indignation croissante le New York Times, dans un article publiant les voix de quelques agents responsables des services fiscaux en Grèce.

    Vous l’avez lu aussi?

    Je vous cite quelques règles qui me frappent:

    quote
    Tax collectors got another potential lift recently when the government started enforcing a 1995 law that gives them access to bank accounts of suspected tax evaders.

    But Nikos Lekkas, a top official at the financial crimes agency where Mr. Maitos works, said Greek banks had obstructed nearly 5,000 requests for account data since 2010.

    “The banks delay sending the information for 8 to 12 months,” he said. “And when they do, they send huge stacks of documents to make it confusing. By the time we can follow up, much of the money has already fled.”

    In the past two years, the agency managed to assess back taxes worth 650 million euros on 210 of the cases, he said. But only 65 percent could be collected.

    One challenge lies in what Mr. Lekkas calls the big fish — 18,300 offshore businesses belonging to wealthy Greek individuals and companies. Authorities are trying to trace the owners through property records, and they recently seized several large properties linked to offshore companies whose owners owe tens of millions of euros to the state.

    That leaves collectors having to go after mostly smaller tax evaders, often with mixed results.

    During a surveillance trip on the resort island of Santorini, Mr. Maitos said he and two colleagues observed a gas station owner insisting on cash-only transactions to avoid declaring taxes. When confronted, the man lashed at them with a bullwhip while cursing the state for taking his money.

    Officials said things might improve drastically once Greece’s entire tax system is computerized, a move that is supposed to be completed by the end of this year.

    Charalambos Nikolakopoulos, the head of the Greek tax collectors’ union, said there was no need for outsiders to straighten things out.

    “Yes, we need change,” Mr. Nikolakopoulos said. “But things will only improve in Greece when we get a stable government that will impose its political will.”

    Niki Kitsantonis contributed reporting from Athens and Paul Geitner from Brussels.

    A version of this article appeared in print on June 6, 2012, on page A1 of the New York edition with the headlin

    unquote

    Alors, si vous me permettez, troix questions à vous.

    1. Est-ce que vous pensez que ce processus d’informatisation et d’amélioration du fonctionnement des services fiscaux en Grèce ne restera inaperçu auprès des millions de Grecs à revenus bas, ou moyens, la majorité des électeurs?

    2. Est-ce que vous pensez que ces efforts pour ‘capturer’ les 18.300 off shore businesses restera inaperçu auprès des ‘grands’ fameux de ce monde, alors, Price Waterhouse Coopers, KPMG, Ernst & Young, Deloitte Touche Tohmatsu, et, ne les oublierons pas, Baker & McKenzie, le supergrand fameux de Chicago où Christine Lagarde était la présidente (http://fr.wikipedia.org/wiki/Christine_Lagarde).

    3. J’aimerais vous informer que ce scandale, une tante à la tête du FMI qui en personne était la cheffe des brigands conseillers fiscaux auprès des sociétés off-shore dans les pays en difficultés en Europe est en train de se rendre aux niveaux les plus élevés de l’indignation populaire aux Pays-Bas, comme par exemple exprimé dans un article dans le NRC Handelsblad du samedi passé par l’écrivain Bas Heijne, qui est en train de se développer comme le Victor Hugo des Pays-Bas (http://nl.wikipedia.org/wiki/Bas_Heijne).

    Evidemment, et avec grand plaisir, j’assume la responsabilité de traduire cet article du samedi passé en Français, si vous le voulez.

    La tante Christine, à la tête du FMI avec 400 K Euro sans impôts allant au peuple Grec et dire, notamment aux jeunes là bas, qu’il les fallait chercher des sous auprès de leurs parents qui ont évadé les paiement dus au fisc dans le passé, alors, même aux Pays-Bas cela a causé un scandale et c’est un scandal croissant.

    Si M. Attali se demande, dans son dernier article sur son BLOG, POURQUOI il y a tellement de résistance en Allemagne et aux Pays-Bas contre une Européanisation augmentante des solutions, alors, c’est mieux qu’il se demande comment d’abord DSK en en suite CL ont pu faire leurs choses comme il et elle l’ont fait et sont en train de les faire, avant de critiquer l’attitude TRES dure du coté de la Scandinavie, de l’Allemagne et des Pays-Bas.
    (Voir svp aussi la réaction du premier ministre et du ministre des affaires étrangères de la Suède, pendant une conférence de presse avec Hillary Clinton au palais de Rosenbad, Stockholm, d’il y a deux jours).

    Oui, moi je suis PRO des charges fiscales EXTREMEMENT élevées, oui je suis pro les dépenses EXTREMEMENT élevées virées vers l’éducation (y compris des paiements élevés pour les maternités PROFESSIONNELLES, y compris l’accompagnement intensif éducatif des jeunes) et , virées vers la recherche, vers les arts et la culture et vers une VRAIE coopération internationale, et, il me le faut dire aussi, je suis PRO l’attitude extrèmément sévère en Suède, au Finlande, en Norvège et au Danmark en ce qui concerne la protection des droits des enfants et des femmes.

    Là dessus, l’Europe ne devrait recevoir aucune LECON de monsieur Attali, vu le comportement de son partenaire politique DSK.

    Qu’il utilise (lui, Jacques Attali) son énergie intellectuelle et financière pour nous aider en Europe d’abord, de créer nos coopératives de consommateurs et des utilisateurs, comme partout en Scandinavie, en comme a Mondragón, Espagne.

    En attente de votre réaction,

    Bien à vous!

    Johan Leestemaker

    1. j’ai vu ça, les gens crèvent littéralement sous nos yeux, et notamment les + vieux et les + malades, faute de médicament. Ben ouai, les milliards d’aides aux Grecs ne sont en fait que des milliards d’aides aux banques, encore elles…

  24. Il y a quelque temps, Paul Jorion nous a raconté qu’il avait eu les confidences de responsables avouant que ce qui se passait en coulisses était en fait autre que ce qui était annoncé…
    So?

  25. Moody’s dégrade la note des trois premières banques d’Autriche

    Erste Bank, Raiffeisen Bank International (RBI) et Bank Austria ont vu leur note dégradée par l’agence américaine Moody’s mardi soir, malgré leur bons résultats. Principale cause de cette décision: elles sont exposées à la crise financière dans certains pays d’Europe de l’est.

    LA TRIBUNE

    1. dès qu’un banc de petits poissons s’annonce , les épuisettes accourent , non ?

    1. Oui, c’est sympa, sauf qu’on ne voit pas tres bien ce que represente la taille des blocs. Si c’est la taille de l’economie, L’UE devrait etre placee en dernier, etant le groupe economique le plus important.

      1. C’est la taille économique, corrigée de la perception moyenne d’un américain … ou corrigée du poids politique réel du bloc ???

        Ce n’est pas le plus important !

  26. Cette inertie est folle. En anglais on parle du syndrome « rabbit in headlight », c’est à dire la paralysie du lapin face aux phares d’une voiture qui approche. La voiture, normalement, l’écrase. A moins qu’elle l’évite en prenant le risque de sortir de la route. Ou alors ou pourrait imaginer que les amis du lapin en péril courent le sauver…
    Quoiqu’il arrive, un événement aura lieu, mais opter pour un ralentissement du temps avant l’impact me semble totalement surréaliste. Mais surtout irresponsable.
    Vite, faut que ça bouge!

    1. @ camille

      « En anglais on parle du syndrome « rabbit in headlight », c’est à dire la paralysie du lapin face aux phares d’une voiture qui approche.  »

      Je cours acheter des lunettes de soleil!

      1. Au contraire, prenez René Thom avec vous, il ne vous arrivera rien. C’est une histoire de morphogénèse encore…. du développement de l’embryon

  27. Bruxelles et Madrid attendent les résultats des audits sur les banques espagnoles pour finaliser l’accord sur leur sauvetage. Rien ne bougera de ce côté-là donc jusqu’à la fin juin.
    http://www.eleconomista.es/economia/noticias/4022133/06/12/Bruselas-no-movera-ficha-con-la-banca-espanola-hasta-conocer-las-auditorias.html

    « Los indignados » recoltent en un jour sur le Net les 15 000 € nécessaires pour la première phase d’une plainte contre Rodríguez Rato, le ex pdg de Bankia.

    http://www.elmundo.es/elmundo/2012/06/06/economia/1338972021.html

    1. Pablo , vos interventions sont parmi les plus intéréssantes sur ce blog.
      Je vous en remercie.
      Ben oui c’est quand même du boulot quoi..!

  28. Bas Heijne, dans NRC Handelsblad, samedi, 2 Juin 2012.

    Bas Heijne, né le 9 Janvier 1960 à Nijmegen (Nimègue, la ville la plus ancienne des Pays-Bas, édifiée comme Noviomagus par les Romains), passait sa jeunesse à Zwanenburg, près d’Amsterdam. Il étudiait l’Anglais à l’université d’ Amsterdam. Il est publiste, écrivain et traducteur, entre autres des travaux de Evelyn Waugh, E.M. Forster et Joseph Conrad.
    Dès 1986, il vit à Amsterdam en compagnie avec son grand amour et son muse, le flûtiste fameux Néerlandais, Peter Verduyn Lunel.

    A partir de 2001, Bas Heijne a publié une fois par deux semaines un ‘commentaire’ dans le NRC Handelsblad. A partir de la folie du PVV raciste et xénophobe et anti-Européen au pouvoir aux Pays-Bas, terminée par la chute du cabinet gouvernemental au 21 Avril 2012, il s’est dédié notamment au manque de responsabilité sociale et politique de “l’elite” aux Pays-Bas.

    Morale

    Pas de pitié: la semaine passée Christine Lagarde, directrice du Fonds International Monétaire, prenait la mesure au peuple Grecque. Allez, il fallait que les jeunes chômeurs cherchent leurs recours auprès de leurs parents – si leurs parents auraient payé normalement leurs impôts, on n’était jamais arrivé si loin. Les pauvres enfants au Niger, ben oui…, ça pourrait réveiller la femme au sommet. Mais les pauvres Grecs? Pfffft!

    Morale publique et identité, les deux points aveugles des milieux dirigeants

    Ses mots n’étaient pas appréciés. Le gouvernement Français les qualifiait “assez bien simplistes et stéréotypiques”. Le dirigeant Grecque du parti socialiste PASOK les qualifiait “humiliants”.

    Madame Lagarde elle-même gagne environ 4,5 cents mille Euro par an, plus indemnités. Elle même, comme l’ont découvert des journalistes, ne paie pas d’impôts, à cause de son statut diplomatique.

    Aucun sou.

    Je considére cela comme une nouvelle intéressante. Toute la douleur de notre époque s’y s’emballe – une élite qui prêche la morale de la communauté dans une période de crises, pendant qu’elle même se soustrait en majeure partie de cette morale. Et l’aveuglement des dirigeants internationaux pour des sentiments de fierté nationale; Lagarde marque un point, mais de telles réprimandes rendront les Grecques seulement plus Grecques – et encore plus récalcitrants. Lagarde les chasse dans les bras des populistes.

    Morale publique et identité, les deux points aveugles des milieux dirigeants.

    Dans une société qui est impregnée de la foi au marché, l’intérêt publique est quelque chose virtuelle – agréable pour en discuter, agreáble pour en rappeler les autres, sans que ça cause un contre-coup dans ta propre vie. Ou bien tu mets ta concernation morale très loin de ton propre environnement, une sorte de “outsoursing” (= sous-traitance) de la morale publique – des bébés souffrants du SIDA, des enfants-soldats, des victimes de desastres. Ça c’est joli, car ce ne sont que ces gens là qui souffrent réellement, mais cela te confronte avec très peu ou avec aucun des dilemmes embarrassants de ton propre environnement. Qu’est-ce que tu es obligé aux autres? Où se trouve la frontière de ta propre concernation?

    Quant à cela, la remarque de Lagarde sur les enfants au Niger en dit long. Sans doute ces enfants ont plus mal que le Grecque le plus pauvre, mais Lagarde les utilise pour outrager les Grecques. Ce qu’elle fait elle même pour les enfants au Niger, reste vague.

    Le cas-Lagarde montre un glissement laborieux: celui d’une morale de marché vers une morale publique. C’est là ou la crise nous pousse; lorsque l’argent “nous sortait des oreilles”, nous pouvions nous lamenter confortablement de l’abrutissement des savoirs-vivre, de l’égoisme croissant, et de la honte que dans un pays prospère comme le nôtre, existait quelque chose comme une banque alimentaire. Cela obligeait à peu. Mais, comme il y aura maintenant des coups durs, des notions affaiblies comme communauté et, quelle saleté, solidarité, doivent regagner de la portée.

    Cela ne prend pas encore tellement bien.

    Un exemple. La semaine passée, il y a avait du bruit sur le dividende royal que les actionnaires de ce journal [NRC Handelsblad est la propriété de la famille Brenninkmeijer, la famille plus riche des Pays-Bas, catholique, propriétaires de C&A, et de Derk Sauer, multimilionaire ‘rouge’ et ex-catholique, et co-financier du SP Parti Socialiste aux Pays-Bas, et co-financier de la loterie du code postal] se sont versés à eux-mêmes – plus que trois fois le profit de l’année passée.
    Selon la morale du marché, cela c’est autorisé. On n’évite pas des règles, on ne transgresse aucune loi. Mais, dans une époque dans laquelle les journaux doivent lutter pour leurs lecteurs, dans une époque des licenciements et de sous-paiement des indépendants, la morale du marché se heurte fortément contre la morale de la communauté – comment peut-on avoir des propriétaires qui apparemment ne sentent aucune concernation quant à leur propriété précieux? Comment peut-on exiger de la solidarité au moment d’une nouvelle réduction de dépenses, tandisque on la dirait manquante auprès des mêmes personnes qui exigent cette solidarité – voir aussi le cas-Lagarde? C’est une question morale, qui se situe maintenant aux plats des gens qui ne sont plus habitué(e)s à penser en termes de morale.

    Dès que son accès au pouvoir, le nouveau président Français, François Hollande, se coupait son salaire à lui-même et à ses ministres à trente pourcent. Il prenait le train à Bruxelles au lieu d’un jet privé, et se mettait à table d’une façon modeste à la studio du journal tv, au lieu de commander un équipe de caméra à l’Élysée. Pas comme son prédécesseur, Hollande montre que les exigences à la société, impliquent aussi des exigences à lui-même.
    C’est ça la morale publique nouvelle.

    Auteur: Bas Heijne, 2 Juin 2012, NRC Handelsblad.

    1. @ tous, veuillez me pardonner deux erreurs (au minimum..):

      * FMI = Fonds Monétaire International (IMF en Anglais)

      * Et, bien sûr, leur propriété peut être précieuSE et non X.

      Bien à vous.

      JL

      1. J’ai vu le dernier spectacle de Christophe Alévèque, que je recommande.

        Il fait remarquer que Sarkozy avait augmenté le salaire du président de 170 %. Hollande le baisse de 30 %.

        Il ne reste pas 140 % :
        si le salaire initial était de 100, le salaire sarkozyste est de 270 ( 100 de départ, plus 170 % x 100 = 170 font 270), le salaire Hollandiste est de 270 – 81 (30% x 270 = 81), soit 189.

        Il reste une augmentation confortable de presque 90 % sur 5 ans, le SMIC n’en a pas fait autant.

      2. Amsterdam, 7 juin 2012

        Merci M. Franck Marsal,

        Aujourd’hui, ici en ville, j’ai reçu la même réaction critique du coté de l’éditeur de ZAM magazine, une publication que je vous recommande.. http://www.zam-magazine.nl .

        Si François Hollande se rendait en Finlande :

        a. Il pourrait se renseigner auprès de Sauli Niinistö, président du Finlande, quant aux principes d’une république PARLEMENTAIRE (et, s’il vous plaît, oublions cette bigoterie de Maurice Duverger disant que la France est une république sémi-présidentielle..);
        http://www.tpk.fi/public/default.aspx?nodeid=44811&contentlan=2&culture=en-US

        b. Jean-Marc Ayrault, (attention… un des TRES peu premiers ministres en Europe sans aucun support enraciné dans les résultats d’un scrutin parlementaire / législatif..) en même temps, pourrait déjà commencer, et, évidemment, travaillant étroitement avec toute l’Assemblée Nationale, avec les préparations d’un projet de changement de la Constitution, visant à finalement transformer la France en démocratie « normale » (si l’on accepte encore cette parole..), c’est à dire, une république parlementaire.
        Comme Jean-Marc Ayrault maîtrise parfaitement l’Allemand, il n’aura aucune difficulté d’introduire d’une façon éloquante, des éléments sages de la République Fédérale (parlementaire!) Allemande dans une telle discussion Constitutionnelle en France.
        http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/revision.asp

        J’aimerais rappeler ici que la Constitution de la République Parlementaire du Finlande est généralement considérée comme une des plus avancées au monde.. voir:
        http://www.finlex.fi/fi/laki/kaannokset/1999/fr19990731.pdf (attention, en 2012 une version un petit peu adaptée a été publiée en Anglais).

        Bien à vous!

        Johan Leestemaker

  29. Excellent résumé des crises que nous vivons au Québec et ailleurs sur le plan économique, environnemental et social :
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/351727/le-long-souffle-du-printemps-erable

    « La croissance économique est devenue une fin en soi, au profit d’une minorité, plutôt qu’un moyen d’épanouissement individuel et collectif comme le promettaient tant d’économistes depuis la Seconde Guerre mondiale. Si nous pouvions jadis croire à cette utopie, il est aujourd’hui évident que nous nous sommes trompés. L’augmentation des inégalités, l’appauvrissement de la classe moyenne et la multiplication des crises sociales, environnementales et économiques sont les symptômes d’une crise devenue systémique. Nous savons que le roi est nu, mais le mensonge persiste.

    De manière insidieuse, nous sommes devenus les variables d’un marché en tant que « ressource humaine », « producteur de biens ou de services », « investisseur », « consommateur » et « bénéficiaire ». Pour faire rouler la machine du consommer-jeter-consommer-jeter, si profitable à l’économie dominante, il faut des ressources. Toujours plus de ressources matérielles et humaines au moindre coût économique possible.

    Ce « moindre coût » a pourtant un prix, tant environnemental que social. En économie, on parle d’externalités. Dans ce mot fourre-tout se trouve un ensemble de problèmes pouvant être générés par le modèle économique dominant : la pollution de l’air, de l’eau et du sol, la précarité et les pertes d’emploi, les maladies physiques et mentales (dont les dépressions et les suicides), les changements climatiques, la pauvreté des travailleurs à faibles revenus, la perte de biodiversité, etc.

    Pour résumer la chose simplement, le système économique et politique dominant privatise les profits et socialise les coûts. Cette façon de faire a mené les États comme les ménages à des records d’endettement, et ce, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social et environnemental.»

  30. Ce système ressemble de plus en plus à de l’esclavage. Une amie est passée du public au privé, résulta salaire divisé par 2, boulot multiplié par deux. L’Etat Belge ponctionne une somme énorme au passage. Avec bac + 6 et 12 ans d’expérience, il lui reste 1000 e/mois pour vivre ! Et aussi voilà pourquoi la natalité baisse, on n’est jamais sûr de pouvoir « assurer ».

    Il faudrait voir le rapport entre Hartz4, qui est la honte, le rapporte entre ça et la natalité.

    Déjà l’Allemagne, quel succès ! en 2084 il n’y aura plus d’allemands ! bravo et merci

    1. Ah j’oubliais : en Allemagne, les femmes qui travaillent sont souvent obligées de quitter leur emploi dès la naissance du premier enfant car les structures d’accueil pour les bébés et les jeunes enfants sont insuffisantes, voire inexistantes. Je me demande souvent comment font les mères célibataires en Allemagne pour concilier leur emploi et la garde de leur bébé . Les jeunes Allemandes qui tiennent à leur carrière renoncent souvent à la maternité . Une famille nombreuse ne dérange pas les femmes d’autres cultures qui les maintiennent traditionnellement au foyer .De plus, une famille nombreuse est considérée comme une bénédiction d’Allah .
      Des jeunes couples chinois se sont installés chez nous pour avoir plusieurs enfants, projet interdit en Chine, ce qui gonfle encore les chiffres de la natalité . .

      Les baisses de salaire ( jusqu’à une « aumône  » de 250 € par mois) en Allemagne,, que Mme Merkel voudrait voir se généraliser dans toute l’Europe, sont inquiétantes, dissuadent peut-être les Allemandes d’avoir des enfants, mais les enfants de l’immigration compenseront ce déficit démographique .

  31. Et pendant ce temps là ( les connaisseurs mettront la musique sur les paroles) notre brillant nouveau gouvernement, tant attendu et tant espéré, annonce une mesure « retraite » qui ne coutera que 1 milliard ! Mais la mesure est financée ( comprenez : le presse purée entre en fonction).
    Et bruissent des échos de réduction des dépenses militaires : logique puisqu’on retire nos troupes d’Afghanistan ! ça, c’est pour les mal informés. On va y laisser 1700 hommes pour y garder notre matériel et continuer à former les indigènes. Pendant le temps des promesses, on n’avait sans doute pas pris le temps de réfléchir…. à moins qu’on le savait mais qu’on a voulu embrumer son électorat.
    Et la Cour des Comptes de quoi elle se mêle ? Et Barroso ? Et Bercy ?
    On m’a dit que quelque part dans Paris, un petit homme dont une manche est toujours plus courte qu’une autre commence à se demander pourquoi on l’a poussé dans cette galère.

  32. La patience est une vertu. Notre richesse humaine et réelle sont nos atouts historiques. Le savoir faire et l’or du pays est notre héritage à transmettre. En aucun cas, la France ne doit céder au sirène de l’utopie. Les solutions simples ne sont pas les bonnes (histoire de la monnaie).
    Restons responsables et précautionneux ! C’est la garantie d’un moindre mal….

    1. Henry de Montherlant, « Les jeunes filles » 1936

      Incipit : Tout le temps qui n’est pas consacré à l’amour est perdu. L’Aretin

      p 116 :

      J’ai aujourd’hui trente ans, Costal.
      C’est Dimanche. Dimanche, mon jour de faiblesse, déjà, les Dimanches ordinaires. Il a fait un temps divin, trop beau. Ah! je commence à les connaitre, ces printemps de désolation. Ces étés qui passent l’un après l’autre, comme des corbeilles vides : aucun – aucun – n’a tenu ses promesses….

      (…)

      J’ai trente ans. Ca y est. l’âge de l’attente est fini, celui de la réalisation commence : je suis au pied du mur. Ce qu’il me faut, ce n’est plus du futur, mais du passé; plus de l’espérance, mais des souvenirs. etc…

      Seuls les robots ont le temps, et partant, la patience.

      Si le robot est le Surhomme, puisqu’il est une « amélioration »…

      1. lisztfr,
        Une amélioration est fonction de l’usage. Tout dépend de l’utilité mon cher ami.
        La réflexion philosophique est corrompu à ce point ? Bien, vous savez également réciter.
        L’identité, qui êtes vous réellement ? Votre rôle ?
        Vous n’avez pas le temps alors et vos enfants ? Auront-ils droit au temps…….
        Cherchez la valeur de la patience, de la satiété et vos intérêts seront générationnels.
        L’age ne veut rien dire…. Le bon sens, oui (j’en ai plus de 40).
        Les leçons de l’histoire sont bonnes à prendre.
        Les grands hommes laissent leur empreinte parce qu’ils ont vu venir.
        Aujourd’hui, dans un quinquennat , notre représentant a le pouvoir de laisser son nom dans l’histoire (Napoléon, De Gaulle,…).
        Je ne suis pas certain qu’il aura ce courage….
        Les autres pays ne tiendront pas 5 ans ! Gardez notre or est ce qu’il y a de plus intelligent et courageux (face aux vautours).
        A moins qu’il se prétende le prophète également (j’en connais beaucoup d’autres).
        L’avenir nous le dira : il sera la risée ou le sauveur ! L’armée et la police sont les instruments de la garantie de l’ordre. Leurs fonctions joueront un rôle essentiel pour la survie de l’esprit humain. Qu’ils ne cèdent pas au sirène de la barbarie et que les politiques fassent leur travail : c’est la garantie d’un avenir meilleur….

      2. lisztfr, vous êtes maître ès incipit.

        Je note « Tout le temps qui n’est pas consacré à l’amour est perdu. L’Aretin » et vais essayer de m’en souvenir longtemps.

  33. @F. Leclerc, bonsoir:

    Je n’ai pas eu de réponse à ma question du 25 mai 2012 à 17:22, à propos de l’info ci-dessous: « Faut-il comprendre que les garanties ont été activées et que ces 45 milliards sont sortis des caisses publiques des trois pays? »
    Pourriez-vosu m’éclairer?
    ________
    Dexia demande le relèvement du plafond des garanties d’Etat
    Mis en ligne le 25/05/2012
    Les États belge et français devraient relever de 45 à 55 milliards d’euros le plafond de la garantie accordée à Dexia, touchée par les tensions provoquées ces dernières semaines sur les marchés par la perspective d’une sortie de la Grèce de la zone euro.
    Selon le quotidien français Le Figaro, les dirigeants de Dexia, Pierre Mariani et Jean-Luc Dehaene, ont informé en début de semaine les gouvernements belge, français et luxembourgeois de la situation. Selon le quotidien, concrètement, les marges de manoeuvre de Dexia sont aujourd’hui proches de zéro.
    La suite sur le site de Lalibre.be.

    1. Je suis un peu débordé, à la foire et au moulin ! La décision a été prise de porter à 55 milliards d’euros le montant des garanties, et il semble qu’effectivement Dexia était à fond de cale avec ses 45 milliards précédents de garantie, qui auraient donc été utilisés.

      1. Merci!
        La question en me paraît pas sans intérêt, vu que le gouvernement belge, qui assure plus de la moitié de cette garantie, a utilisé comme argument, lors de son engagement, qu’une garantie, ce n’est pas un débours, et alors que le silence de la presse est total sur ce « détail » !

    2. Quand une banque en faillite active des garanties en provenance d’états qui sont notoirement incapables de faire face à leur dette ça change quoi pour qui? n’est-ce pas seulement une façon brumeuse de faire fonctionner la planche à billet? la compatibilité de ce genre de manip a-t-elle un sens précis?

      Les flux en milliards d’euros des garanties, dépôts, prêts circulant entre les banques privées, les banques centrales, les états, les « fonds » tels que FMI, FESF et autres (voire nationalisations qui n’en sont pas) sont rigoureusement incompréhensibles pour le citoyen moyen même quand il cherche à comprendre!

      La probabilité que le candidat député pour lequel je vais voter dimanche comprenne de quoi il s’agit me semble extrêmement faible et je ne suis même pas sur que le Président de la République lui-même ne s’en remette pas à des spécialistes sur le sujet…

      Le fonctionnement « normal » du système est difficile à saisir dans son ensemble pour tout le monde. Dans la panique actuelle, avoir une vision globale cohérente de ce qui se passe est-il encore possible?

      1. Il leur faudrait faire probablement appel à d’autres ressources que l’intellect. Mais ils ont été probablement séléctionné précisément contre cela pour être à leur poste. Le film récent « L’exercice du pouvoir » le montre excellement.

        De toutes façons, plus le système s’approche de l’effondrement, plus la compréhension de son fonctionnement et de ses dysfonctionnement perd sa pertinence.

        Tout cela est d’une implacable logique.

        Seul problème : nous ne formons pas suffisamment de personnes préparées à assumer des responsabilités dans le monde de demain. Certaines se préparent du mieux qu’elles peuvent elle-même, et ce blog peut leur être très utile. Mais ce n’est pas suffisant.

        Pour ma part, j’ai commencé à y réfléchir ces dernières semaines et j’ai envie d’en faire un projet personnel prioritaire.

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